CJPMO : Les commentaires de Netanyahou montrent qu'Israël n'est pas un partenaire pour la paix

Montréal, 19 janvier 2023 - Les Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient (CJPMO) tirent la sonnette d'alarme à propos des commentaires faits hier par le Premier ministre israélien Netanyahu, qui a réitéré sa ferme opposition à un État palestinien dans tout scénario d'après-guerre et a affirmé qu'Israël maintiendrait un contrôle permanent sur tout le territoire « à l'ouest du [fleuve] Jourdain ». CJPMO souligne que cette position n'est pas nouvelle, mais qu'elle a été exprimée tout au long de la carrière de M. Netanyahu et qu'elle est explicitement énoncée dans la charte du Likoud. Néanmoins, ces commentaires sont un rappel important que l'establishment politique israélien est engagé dans l'oppression permanente du peuple palestinien, et que la politique canadienne doit être ajustée pour refléter cette réalité.

Tout d'abord, le Canada doit reconnaître que le gouvernement israélien n'agit pas de bonne foi et n'est pas un partenaire pour la paix. Le problème ne se limite pas au Premier ministre. Alors que les principaux ministres de la coalition d'extrême droite de M. Netanyahou prônent ouvertement le nettoyage ethnique de la bande de Gaza, ses rivaux plus « modérés » encouragent le maintien du contrôle militaire d'Israël sur la bande de Gaza tout en accordant une plus grande autonomie aux Palestiniens, à l'image du système des bantoustans sous l'apartheid sud-africain. Aucun dirigeant israélien n'a jamais soutenu un État palestinien véritablement indépendant, et des décennies d'impunité ont enhardi Israël à consolider son contrôle illégitime sur les territoires palestiniens occupés (TPO). Si le Canada veut que cette situation change, il doit reconnaître le problème et modifier son approche. Seules des pressions politiques et diplomatiques significatives, y compris des sanctions, peuvent contraindre Israël à renoncer à son contrôle sur les TPO.

Deuxièmement, le Canada doit s'engager en faveur de l'autodétermination palestinienne. Pour ce faire, il ne faut pas se contenter d'un discours creux sur la « solution à deux États ». La plupart des gens pensent qu'après des décennies de politique délibérée, Israël a effectivement tué la possibilité d'un État palestinien indépendant. Cela signifie que le Canada doit être ouvert à la possibilité d'un avenir dans lequel les Palestiniens et les Israéliens partageraient des droits égaux au sein d'un seul État démocratique. Quoi qu'il en soit, c'est aux Palestiniens eux-mêmes qu'il appartient de trancher cette question. Le Canada n'a pas à dicter la forme que prendra la future réalité politique, la manière dont les Palestiniens se gouverneront eux-mêmes ou qui sera autorisé à s'asseoir à la table des négociations.

Pour affirmer l'autodétermination palestinienne, CJPMO soutient que l'approche du Canada dans un scénario « d'après-guerre » doit être basée sur les principes minimaux suivants :

  • Le Canada doit se concentrer sur l'obtention d'un cessez-le-feu immédiat avant de s'intéresser au « jour d'après », car de telles discussions peuvent détourner l'attention des dommages qu'Israël inflige chaque jour à la population civile. Compte tenu de l'ampleur et de la nature des attaques israéliennes, il se peut qu'il ne reste plus de Gaza à la fin de cette guerre. L'arrêt de la destruction de Gaza par Israël doit être la priorité absolue du Canada.
  • Le Canada ne peut accepter rien de moins qu'un retrait total d'Israël de Gaza et du reste du territoire palestinien occupé. Cela exige plus qu'un retrait des forces terrestres, mais la fin de toutes les formes de contrôle effectif, y compris sur la circulation des personnes et des biens à l'intérieur et à l'extérieur du territoire. Israël doit renoncer à tout pouvoir sur le peuple palestinien et démanteler ses structures d'oppression et d'apartheid.
  • Le Canada doit insister pour que les réfugiés palestiniens et les personnes déplacées à l'intérieur du pays aient toutes les chances d'exercer leur droit au retour dans leurs foyers. Cette question va au-delà des 1,9 million de personnes actuellement déplacées dans la bande de Gaza. Les deux tiers de la population de Gaza étaient déjà des réfugiés, déplacés à l'origine lors de la Nakba de 1948 et de la création d'Israël, et ils ont un droit inaliénable au retour en vertu du droit international. Leur dépossession reste au cœur du conflit actuel.
  • Le Canada doit insister pour qu'Israël verse des réparations afin de financer la reconstruction de Gaza. Israël détruit délibérément toutes les formes d'infrastructures physiques et sociales dans le territoire, et la communauté internationale ne doit pas être laissée financièrement responsable de cette catastrophe. Israël doit savoir qu'il paiera pour chaque bâtiment qu'il réduit en ruines.
  • Le Canada doit reconnaître qu'il n'a pas le droit de dicter qui représente le peuple palestinien, ni comment il se gouverne. La position du Canada selon laquelle le Hamas n'a « aucun rôle à jouer dans la future gouvernance de Gaza » contredit directement ce principe fondamental d'autodétermination et compromet la possibilité d'une fin négociée de la guerre.

En savoir plus :

CJPME explainer, “Israeli party policies on the question of Palestinian self-determination” (2023)

CJPME policy note, “Beyond the Two-State Solution: A New Canadian Foreign Policy for the Middle East” (2021)