Le Canada doit soutenir la demande de l'Afrique du Sud auprès de la CIJ pour empêcher le génocide à Gaza : CJPMO

Montréal, le 5 janvier 2024 Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient (CJPMO) demande au gouvernement canadien de soutenir la requête de l'Afrique du Sud auprès de la Cour internationale de justice (CIJ) afin de protéger les Palestiniens des actions génocidaires d'Israël. La semaine dernière, l'Afrique du Sud a invoqué la Convention des Nations Unies pour la prévention et la répression du crime de génocide (« Convention sur le génocide ») pour engager une procédure contre Israël, un autre État partie, sur la base de ses obligations en matière de prévention et de répression du génocide. Dans une lettre envoyée hier à la ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly, CJPMO a exhorté le Canada à présenter une soumission formelle à la CIJ pour exprimer son soutien à la requête sud-africaine contre Israël.

« En tant que signataire de la Convention sur le génocide, le Canada a l'obligation et le devoir de prévenir et de punir le crime de génocide où qu'il se produise », a écrit Michael Bueckert, vice-président de CJPMO. « La requête de l'Afrique du Sud auprès de la CIJ a mis en avant un cas urgent et convaincant démontrant qu'Israël commet des actes de génocide en ce moment même contre les Palestiniens de Gaza », a ajouté M. Bueckert.

La CIJ a prévu des audiences publiques initiales les 11 et 12 janvier 2024, et Israël a annoncé qu'il y participerait. En tant qu'État partie à la Convention sur le génocide, le Canada peut intervenir dans la procédure en tant qu'État partie soutenant l'Afrique du Sud, que ce soit maintenant ou au cours d'éventuelles procédures sur le fond. Hier, Affaires mondiales Canada a déclaré au Globe and Mail qu'il était « au courant » de l'affaire et qu'il soutenait le rôle de la CIJ, mais n'a pas voulu dire si le gouvernement avait l'intention d'intervenir. CJPMO craint que le Canada ne finisse par tenter de saper discrètement la requête de l'Afrique du Sud devant la CIJ, étant donné que le Canada a demandé à la CIJ, l'été dernier, de refuser de rendre un avis consultatif sur les conséquences juridiques des actions d'Israël dans les territoires palestiniens occupés.

La lettre de CJPMO établit des parallèles entre les allégations de génocide de l'Afrique du Sud à Gaza et les accusations de génocide du Canada au Myanmar, telles que décrites dans une déclaration d'intervention conjointe à la CIJ avec le Royaume-Uni, l'Allemagne, le Danemark, les Pays-Bas et la France. La lettre note également que les mesures provisoires demandées par l'Afrique du Sud semblent s'aligner sur les principes déjà exprimés par le gouvernement canadien lui-même en ce qui concerne la situation à Gaza, à savoir la fin du massacre des femmes et des enfants et un accès humanitaire sans restriction. « Si le Canada veut vraiment mettre un terme durable à la violence, et s'il veut rester cohérent avec sa propre position juridique exprimée dans l'affaire Gambie contre Myanmar, il devrait appuyer de tout son poids la requête de l'Afrique du Sud auprès de la CIJ », a écrit M. Bueckert.

Plus de 22 000 Palestiniens ont été tués par Israël à Gaza depuis le 7 octobre 2023, dont 70 % de femmes et d'enfants, tandis que le refus d'Israël de fournir de l'eau, de la nourriture, du carburant et de l'électricité a exposé l'ensemble de la population à un risque grave de décès massifs dus à la famine, à la déshydratation et à la maladie. La demande de l'Afrique du Sud soutient que ces actes « ont un caractère génocidaire parce qu'ils visent à provoquer la destruction d'une partie substantielle du groupe national, racial et ethnique palestinien, à savoir la partie du groupe palestinien de la bande de Gaza ». Des dizaines d'experts des Nations unies ont déjà averti que les actions d'Israël à Gaza « laissent présager un génocide en cours ».