CJPMO s’oppose à l’adoption anti-démocratique de l’IHRA par Québec

2.pngMontréal, le 11 juin 2021 – Les Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient (CJPMO) s’opposent à l’adoption unilatérale de la définition controversée de l’antisémitisme de l’IHRA par Québec. Cette définition qui confond antisémitisme et critique d’Israël, et constitue donc une menace à la liberté d’expression concernant les sujets relatifs aux violations des droits de la personne par Israël. Le 9 juin, le gouvernement du Québec a annoncé qu’il allait adopter unilatéralement la définition de l’IHRA. Cette décision a été prise sans demander l’opinion publique et sans débat, quelques jours seulement après qu’une motion à l’Assemblée nationale soutenant la définition de l’IHRA soit bloquée par Québec solidaire.

« L'adoption de l’IHRA par Québec est une décision qui a été prise uniquement par Coalition Avenir Québec, un parti de droite, et qui n’a aucune légitimité démocratique. », a déclaré Michael Bueckert, vice-président de CJPMO. « Il n’est pas surprenant de voir que la CAQ a pris cette approche anti-démocratique, considérant l’opposition généralisée à l’IHRA dans la société civile québécoise », a ajouté Bueckert. En mars dernier, CJPMO s’est joint à près de 30 autres organismes basés à Québec pour signer une lettre ouverte au conseil municipal de Montréal en opposition à l’IHRA, incluant la Ligue des droits et libertés et la Confédération des syndicats nationaux (CSN). Il y a quelques jours seulement, une motion anti-IHRA a été adoptée unanimement au congrès de la Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec, représentant près de 35 000 travailleurs de l’éducation.

CJPMO souligne que dans la plupart des juridictions canadiennes où la définition de l'IHRA a été soumise au public pour un débat démocratique, elle a fait face à une importante opposition populaire et a finalement été défaite. Lorsque l’IHRA a été adoptée avec succès, c’est généralement en ignorant ou en contournant la démocratie : par exemple, au niveau fédéral à travers une décision du caucus en 2019, ou par le gouvernement de l’Ontario à travers un décret du conseil en 2020. Comme dans ces situations, le processus détourné du Québec pour adopter la définition de l’IHRA signifie que les implications politiques qui lui sont spécifiques ne sont pas claires, car aucune loi ou directive explicite n’est mentionnée. « Alors que les implications exactes de cette annonce ne sont pas encore claires, les Québécois devront faire attention pour s’assurer que l’IHRA ne sera pas utilisée pour censurer ou décourager les discours critiques d’Israël ou de soutien aux Palestiniens. », a ajouté Bueckert.

CJPMO insiste sur la nécessité de lutter contre l’antisémitisme sans miner la capacité des Palestiniens et de leurs alliés à défendre leurs droits humains, et sans entraver les conversations honnêtes sur le racisme israélien et l’entreprise coloniale d’Israël. Bien que le communiqué de presse du gouvernement du Québec ait souligné que le fait de critiquer ou de manifester pacifiquement contre la position d'Israël dans le conflit israélo-palestinien n'est pas en soi de l'antisémitisme, CJPMO prévient que plusieurs des partisans les plus éminents de l'IHRA ont fait part de leurs intentions d'utiliser l'IHRA pour censurer les discours sur Israël et interdire les formes populaires de protestation, y compris le mouvement de boycott, désinvestissement et sanctions (BDS).