Évaluation de la direction du Parti vert du Canada par CJPMO et VJI

FR-GRC-Facebook.pngLes Canadiens pour la Justice et la Paix au Moyen-Orient (CJPMO) et Voix juives indépendantes (VJI), deux organismes non partisans, ont conduit une analyse complète des candidats à la direction du Parti Vert du Canada (PVC) sur les questions majeures relatives au Moyen-Orient. Ce processus incluait l’envoi d’un questionnaire à tous les candidats, bien que tous les candidats n’aient pas choisi d’y répondre. Le document présenté ci-dessous évalue les positions des différents candidats à la direction du PVC sur les enjeux du Moyen-Orient.

Cliquez-ici pour télécharger le rapport de CJPMO et VJI. Le sommaire exécutif est présenté ci-dessous.

Sommaire exécutif

Les Canadiens pour la Justice et la Paix au Moyen-Orient (CJPMO) et Voix juives indépendantes (VJI), deux organismes non partisans, ont conduit une analyse complète des candidats à la direction du Parti Vert du Canada (PVC) sur les questions majeures relatives au Moyen-Orient.

L'élément le plus important de cette évaluation a été un questionnaire distribué à chacun des candidats à la direction en juillet. Le questionnaire comportait dix questions, et les candidats ont été invités à identifier leurs positions sur une échelle (généralement entre 1 et 5). Les candidats étaient également encouragés à fournir des commentaires additionnels s’ils le désiraient.

Plus de la moitié des candidats à la direction (5 sur 9) ont répondu au questionnaire. Deux des candidats (Glen Murray et Annamie Paul) ont refusé de soumettre leurs réponses (voir les annexes B et C). Les deux candidats restants (Andrew West et Courtney Howard) n’ont pas répondu au questionnaire, mais non pas officiellement refusé de répondre non plus.

Outre le questionnaire, notre évaluation des candidats a intégré des informations recueillies auprès d'un certain nombre de sources différentes : réseaux sociaux, communiqués de presse, entretiens publiés, assemblées publiques, le hansard (le compte rendu des débats parlementaires), les sites web des candidats, et bien plus.

Sur la base de toutes les informations recueillies, CJPMO et VJI ont déterminé qu'en termes d'engagement à une approche constructive du Moyen-Orient par le Canada, les candidats se classent comme suit :

  • A       Dimitri Lascaris
  • A-     Meryam Haddad
  • B+     Judy Green
  • B+     Amita Kuttner
  • B       David Merner
  • C+     Courtney Howard
  • C+     Andrew West
  • C       Glen Murray        
  • C-      Annamie Paul

Bien que le Parti Vert ait toujours eu une petite présence au sein du Parlement, il a néanmoins une voix importante et un rôle à jouer dans l'élaboration des discours canadiens sur le Moyen-Orient. La question d’Israël et de la Palestine a historiquement été controversée au sein du parti, avec une crise majeure en 2016, lorsque suite au vote populaire pour soutenir le mouvement boycott, désinvestissement et sanctions (BDS), Elizabeth May a menacé de démissionner en tant que chef. Cette résolution pro-BDS a finalement été remplacée par une résolution « compromis » sur Israël et la Palestine qui s’est révélée plus précise et plus ciblée que l'original - une résolution appelant à des sanctions spécifiques contre Israël, à commencer par l'interdiction d'importer les produits issus des colonies. En conséquence, la politique actuelle du PVC reste bien plus forte et plus audacieuse que celle de tout autre grand parti politique.

Sous la direction d'Elizabeth May, le PVC a été un leader au Parlement sur ces questions importantes (à quelques exceptions près), offrant une voix relativement audacieuse en faveur des droits de la personne et de la justice. Sous la direction du futur chef, on ne sait pas si ce rôle sera maintenu. Le parti pourrait développer ses positions de principe, ou au contraire battre en retraite et adopter une approche alignée sur les positions pro-israéliennes des autres partis. Ces deux options sont représentées parmi les différents candidats de cette course à la direction, ce qui rend ce vote très important.

Dimitri Lascaris est un militant de longue date en faveur de la Palestine et du BDS, et il a fait de la politique étrangère un élément distinctif de sa campagne. Ses réponses au questionnaire indiquent un soutien audacieux pour une action concrète en réponse aux violations des droits de la personne, à l'instar de Meryam Haddad seulement, et il a suscité une discussion entre les candidats sur des questions telles que l'engagement de CJPMO-VJI à s'opposer à l'annexion israélienne. Nous sommes convaincus qu’en tant que leader du GPC, Lascaris sera une voix consistante et passionnée pour le droit international et les droits de la personne des Palestiniens, et qu’il sera réceptif aux organismes communautaires avec lesquels il travaille depuis si longtemps.

Meryam Haddad démontre un engagement à prendre des mesures urgentes et drastiques sur une série d’enjeux importants, du commerce des armes à l’islamophobie en passant par la liberté d’expression sur la Palestine. Elle s'oppose plus ouvertement à l'annexion d'Israël que la plupart des autres candidats, et elle a librement évoqué le sujet des sanctions à plusieurs reprises. Ses réponses au questionnaire indiquent qu'elle est favorable à des approches créatives et significatives pour obtenir justice au Moyen-Orient, à l'instar de Dimitri Lascaris. Bien que contrairement à Lascaris, elle n'ait pas un passé significatif sur les questions relatives au Moyen-Orient, elle a néanmoins utilisé sa candidature comme une plateforme pour défendre ces causes. Avec Haddad, le PVC serait une voix forte et audacieuse en faveur des droits de la personne, et un ami des mouvements populaires non violents.

Judy Green critique fréquemment le Canada pour avoir accordé des « remises aux amis et à la famille » aux auteurs de violations des droits de la personne, et ses réponses réfléchies au questionnaire soulignent la nécessité d'une application cohérente du droit international. Dans cette optique, Mme Green soutient la prise de mesures concrètes pour contester les violations israéliennes, bien que ses positions - par exemple, en faveur de l'étiquetage mais non de l'interdiction des biens de colonisation - soient moins audacieuses que celles de plusieurs autres candidats. Mme Green s'engage en faveur de la liberté d'expression sur la Palestine, veut éliminer progressivement le commerce international d'armes du Canada et voudrait élargir le soutien à l'immigration pour accueillir les migrants climatiques. Sous la direction de Green, le PVC continuera à aborder les questions relatives au Moyen-Orient sous l'angle des droits de la personne, et des pays comme l'Arabie saoudite et Israël ne bénéficieront pas d'un traitement de faveur.

Amita Kuttner soutient une action concrète en réponse aux violations des droits de la personne au Moyen-Orient, et apporte une vision décoloniale réfléchie sur un grand nombre de ses questions. Ses réponses au questionnaire sont audacieuses sur le plan philosophique, bien qu’elles aient tendance à mettre l’accent sur une approche nuancée et plus prudente en termes de mise en œuvre, de l'élimination progressive du commerce des armes aux sanctions contre Israël. Kuttner exprime une opposition de principe à l'idée de confondre la critique d'Israël avec l'antisémitisme, mais hésite à qualifier ces efforts de menace à la liberté d'expression, et a fait des remarques sur le fait de ne pas semer la division - ce qui, dans le contexte, peut être une allusion au boycott d'Israël. Si Kuttner prend la direction du Parti vert, le parti ne sera probablement pas aussi franc sur les questions relatives au Moyen-Orient que les autres candidats, mais il continuera certainement à être un important défenseur de la justice et des droits des peuples autochtones partout dans le monde.

David Merner ne s’est pas souvent exprimé sur les enjeux du Moyen-Orient, mais s’est engagé à s’opposer à l’annexion d’Israël, et ses réponses au questionnaire montre un engagement à prendre de véritables mesures contre les violations des droits de la personne. Les positions politiques de Merner sur Israël et la Palestine ont une réelle substance, mais elles ont tendance à être plus modérées que celles de certains autres candidats - par exemple, il soutient la politique actuelle du PVC en faveur d'une interdiction de tous les biens des colonies, mais il ne soutient pas l'idée d'aller plus loin et d’annuler l'accord de libre-échange Canada-Israël. De plus, ses récents commentaires qualifiant les partisans du BDS comme étant « une bande d’extrémistes » et son appel pour que le PVC ne se divise pas autour de « questions qui ne sont pas essentielles pour le parti » sont inquiétants.Ces commentaires pourraient indiquer une relation tendue entre le parti et les militants à l'avenir. De cette façon, Merner ne se démarquerait probablement pas beaucoup de la direction précédente du PVC.

La candidature de Courtney Howard pour la direction du PVC est difficile à évaluer étant donné qu’elle n’a pas complété notre questionnaire, et n'a pas d'antécédents publics significatifs en matière de politique étrangère en général, ou concernant le Moyen-Orient en particulier. Elle a néanmoins signé l’engagement de CJPMO et VJI pour s’opposer à l’annexion israélienne, qui demande au gouvernement canadien d’envisager toutes les options diplomatiques et économiques raisonnables pour mettre fin à l’annexion. Il est peu probable qu'Howard fasse de la politique étrangère ou des questions relatives au Moyen-Orient une priorité en tant que leader du PVC.

Andrew West n'a pas d'antécédents publics significatifs en matière de politique étrangère en général, ou concernant le Moyen-Orient en particulier. Il n’a pas non plus répondu à notre questionnaire. Il a, néanmoins, exprimé son soutien à la politique actuelle du PVC sur la Palestine, et s’est exprimé sur la nécessité pour le Canada d’adopter une position ferme contre les violateurs des droits de la personne. Il est l'un des deux seuls candidats du PVC à ne pas avoir signé l’engagement à s'opposer à l'annexion israélienne, mais il a attribué cela à un manque de temps, plutôt qu'à un manque de principe. Il est peu probable que le PVC fasse de la politique étrangère une priorité sous la direction de West.

Le bilan global de Glen Murray sur les questions relatives au Moyen-Orient est compliqué, et plutôt difficile à évaluer car il a refusé de répondre à notre questionnaire. Le fait qu'il se soit engagé à s'opposer à l'annexion israélienne est un signe positif qu'il peut soutenir une action concrète pour éviter les violations du droit international, et il a parfois fait des commentaires sympathiques envers le peuple palestinien. Néanmoins, son engagement à se tenir aux côtés d’Israël, son vote de 2016 pour condamner le mouvement BDS et son refus général d’engager une discussion sur ces questions au-delà d’une référence superficielle à une solution à deux États, sont des signaux d’alarmes majeurs pour tous ceux qui veulent que le PVC joue un rôle proactif pour faire avancer la justice dans la région.

Annamie Paul est une experte en politique étrangère, mais elle n’a pas été très ouverte sur ses propres positions concernant le Moyen-Orient, et elle a refusé de répondre à notre questionnaire. Bien qu'elle soit officiellement opposée à l'annexion d'Israël comme étant illégale, elle est l'une des deux seuls candidats du PVC qui ne se sont pas engagés contre les plans d’annexion d’Israël, et elle a généralement adopté une approche neutre (« les deux parties sont en faute ») face au conflit. Elle soutient les sanctions contre l’Arabie saoudite mais n’a pas exprimé son soutien pour toute forme de pression économique contre Israël, et s’est au contraire opposée au mouvement BDS. On craint vraiment que sous la direction de Paul, la politique étrangère du PVC ne soit pas très différente de celle des libéraux de Trudeau, et que le parti soit probablement assez méprisant, voire hostile, envers les mouvements sociaux et autres détracteurs de la politique étrangère.

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