Points de discussion sur les violences entre le Hamas et Israël

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Sur le Hamas et ses récentes violences

Points clés de la discussion :

Les attaques violentes du Hamas et les représailles féroces d'Israël, qui visent toutes deux des civils, constituent sans équivoque des violations du droit international et devraient faire l'objet d'une enquête de la Cour internationale de justice (CIJ) en tant que crimes de guerre. Les règles s'appliquent à tous. Nous demandons au Canada de faire pression en faveur d'un cessez-le-feu et d'une enquête de la CIJ sur toutes les parties impliquées dans cette guerre.

Points d'appui :

  • Le terrorisme est communément compris comme "la violence contre les civils à des fins politiques". À ce titre, les violences commises par le Hamas contre des civils samedi constituent bien un acte de terrorisme.  Les civils israéliens capturés sont considérés comme des otages et le droit international exige leur libération immédiate. 
  • En vertu du droit international, la violence du Hamas contre les soldats et les militaires israéliens samedi est considérée comme une résistance légale à la domination et à l'oppression coloniales. Les soldats israéliens captifs sont considérés comme des prisonniers de guerre.
  • Le Hamas est une organisation islamique de libération de la Palestine qui gouverne certains aspects de la bande de Gaza occupée par Israël, fournit des services sociaux, dirige des médias et dispose d'une aile militaire.
  • L'objectif déclaré du Hamas dans son attaque du 7 octobre 2023 était de mettre fin à des années d'occupation militaire belligérante de la terre palestinienne par Israël.
  • Depuis 2004, les dirigeants du Hamas ont déclaré à plusieurs reprises et de manière constante qu'ils accepteraient un accord de paix basé sur un retrait israélien jusqu'aux frontières de 1967 (c'est-à-dire la ligne verte).
  • La charte originale du Hamas de 1988 rejetait les négociations de paix avec Israël, ce qui est faussement mais fréquemment cité comme l'opposition définitive du Hamas à l'existence d'Israël.
  • Il n'y a pas d'opposition populaire généralisée au Hamas à Gaza car, en tant qu'organisation de résistance, il est l'expression de la douleur, de la frustration et de la colère collectives des Palestiniens à l'égard d'Israël pour son occupation cruelle, son blocus et son apartheid à l'encontre des Palestiniens.
  • Citer uniquement la désignation par le Canada du Hamas comme "organisation terroriste" est une façon très réductrice et improductive de décrire l'organisation et sa présence dans l'imaginaire des Palestiniens.

 

Sur les récentes violences israéliennes

Point clé de la discussion :

Les violentes représailles israéliennes ont déjà eu des effets dévastateurs et meurtriers sur les civils de Gaza. Le Canada doit exiger d'Israël qu'il respecte le droit international. L'instauration d'un siège total de Gaza et la coupure de l'eau, de l'électricité et du carburant nuisent déjà de manière disproportionnée aux civils et ce sont les civils palestiniens qui continueront à souffrir de la punition collective infligée par Israël.

Points de discussion favorables :

  • La réponse d'Israël à l'attaque du Hamas doit respecter les lois de la guerre et doit donc 1) faire la distinction entre les cibles civiles et militaires et 2) répondre de manière proportionnelle à la menace et/ou à l'offense.
  • Depuis mercredi matin, les attaques israéliennes contre Gaza ont fait 1055 morts, dont un grand nombre de civils et au moins 260 enfants. Les rapports faisant état de destructions gratuites et de "nivellement de quartiers" suggèrent qu'Israël ne fait pas de distinction entre les cibles civiles et militaires et qu'il ne réagit pas de manière proportionnée.
  • La décision d'Israël d'imposer un "siège total" à Gaza viole plusieurs préceptes du droit international. Le blocage des civils en fuite, la coupure de l'électricité, le refus d'accès à la nourriture et à l'eau, et le refus d'un couloir humanitaire sont autant d'exemples de punition collective, et sont strictement interdits par le droit international.
  • L'utilisation par les représentants du gouvernement israélien d'un langage génocidaire, notamment en qualifiant les Palestiniens d'"animaux humains", est connue sous le nom de "déshumanisation" et est connue pour être un précurseur d'actes génocidaires. De telles déclarations sont considérées comme extrêmement alarmantes et devraient être universellement condamnées.
  • Les plans d'Israël pour une invasion terrestre à grande échelle sont très alarmants et suggèrent qu'Israël prévoit beaucoup plus de violence non seulement contre le Hamas, mais aussi contre l'ensemble de la population de Gaza, ainsi que contre les infrastructures civiles. Une telle violence, une fois de plus, violerait le droit international de manière significative.
  • Lors des précédents affrontements entre Israël et le Hamas, le nombre de victimes a oscillé entre 10 Palestiniens morts pour chaque Israélien et 100 Palestiniens morts pour chaque Israélien. Si cette tendance se poursuit dans les semaines à venir, l'offensive israélienne fera des milliers, voire des dizaines de milliers de morts.  Cette violence inconsidérée doit être fermement condamnée, car elle constitue une violation flagrante du droit international. 

 

Sur la réponse du Canada

Point clé de la discussion :

Les Canadiens de tous horizons ont raison d'exprimer leur indignation face à l'horrible brutalité des attaques du Hamas contre les civils. Mais le Canada ne peut pas donner un chèque en blanc à Israël dans sa réponse. Le Canada doit insister sur la nécessité d'un cessez-le-feu, car c'est le seul moyen de réduire au minimum le nombre de victimes civiles. L'approche actuelle du Canada constitue une approbation tacite de la punition collective brutale infligée par Israël aux Palestiniens de Gaza. Israël commet des crimes de guerre. Les règles s'appliquent à tous.

Points de discussion favorables :

  • Il est tout à fait approprié que le Canada et les Canadiens expriment leur indignation face aux attaques du Hamas contre les civils et à la profanation des cadavres d'Israéliens, et qu'ils expriment leur sympathie à l'égard d'Israël et des victimes israéliennes.
  • Il est tout à fait approprié que le Canada condamne les actes de violence du Hamas contre les civils.
  • Il n'est pas approprié que les politiciens canadiens fassent des déclarations suggérant qu'ils soutiendront Israël quelle que soit sa réponse. Les déclarations canadiennes sur la réponse d'Israël doivent faire référence au droit international et à la nécessité pour Israël de respecter les concepts de "discrimination" et de "proportionnalité", ainsi que de protéger les besoins des civils en matière d'accès aux nécessités de la vie (nourriture, eau, médicaments.) Pour que cela ait un sens, le Canada doit toutefois condamner fermement toute action israélienne qui violerait ces principes. À ce jour, les experts de l'ONU et l'UE ont prévenu que les actions israéliennes s'apparentaient déjà à des crimes de guerre.  
  • Le Canada doit travailler avec ses partenaires internationaux et appeler à un cessez-le-feu et, plus généralement, à une désescalade de la situation actuelle. La réponse actuelle d'Israël est très similaire aux guerres précédentes contre Gaza, et ne fera rien pour traiter les racines à long terme du conflit, à savoir qu'Israël impose l'apartheid et une occupation militaire belligérante indéfinie aux Palestiniens en Cisjordanie et à Gaza, et que les Palestiniens ont eu recours à la violence armée pour revendiquer leur liberté et leurs droits de l'homme. 
  • Dans l'évolution actuelle du conflit au jour le jour, le Canada doit condamner toutes les violations du droit international, qu'elles soient le fait des Palestiniens ou des Israéliens.
  • À long terme, le Canada doit s'appuyer sur les institutions du droit international, y compris la Cour internationale de justice et la Cour pénale internationale. Cela implique de revoir et de respecter les avis juridiques antérieurs - par exemple la décision de la CIJ de 2004.  Il doit également soutenir le recours à ces institutions pour une évaluation actualisée de la situation, des propositions de recours juridiques et l'imposition de sanctions pour des actes criminels. 

 

Sur le conflit en cours

Point clé de la discussion :

Ce conflit perdure parce que le Canada, comme toutes les puissances occidentales, n'a pas tenu Israël pour responsable de son occupation belligérante et de l'annexion des terres palestiniennes, ainsi que des systèmes d'apartheid violents qu'il impose. Au lieu de cela, le Canada s'est caché derrière l'échec du processus de paix d'Oslo et a protégé Israël de l'application du droit international. Le Canada doit commencer à agir comme si les règles s'appliquaient à tous.

Point de discussion favorable :

  • Le conflit actuel trouve ses racines dans des incidents antérieurs à 1948, lorsque l'État d'Israël a été créé par les Nations unies, sur un territoire où vivait une importante population autochtone palestinienne. Alors que les Israéliens célébraient le jour de leur "indépendance", ils ont infligé aux Palestiniens la "Nakba" ("catastrophe" en arabe), la perte d'une grande partie de leur territoire, la dépossession de 700 000 Palestiniens de leurs terres et de leurs maisons, et leur relégation au rang de citoyens de seconde zone en Israël.
  • Les Palestiniens, tant l'Autorité palestinienne que le Hamas, ont déclaré qu'ils étaient prêts à faire la paix avec Israël sur la base des frontières de 1967, la ligne d'armistice qui définit la Cisjordanie et la bande de Gaza. Un règlement selon ces lignes ne laisserait aux Palestiniens que 22 % de la Palestine historique.
  • Depuis 1967, les Palestiniens citent systématiquement l'occupation militaire brutale et oppressive d'Israël comme la principale motivation de leur résistance armée.
  • En vertu du droit international, les Palestiniens ont le droit à l'autodétermination. Une grande partie de la communauté internationale, y compris le Canada, a lié l'autodétermination palestinienne à des négociations avec Israël, mais ce n'est pas une nécessité en vertu du droit international.  Israël, par exemple, a été reconnu par les Nations unies avant de faire la paix avec les Palestiniens et/ou leurs voisins.
  • 139 nations reconnaissent déjà la Palestine comme un État. Le Canada n'en fait pas partie.
  • La communauté internationale - y compris le Canada - dit souvent qu'elle soutient "une solution négociée à deux États avec la paix et la sécurité pour les deux peuples", mais sur le terrain, par son occupation militaire, avec les colonies et autres infrastructures d'occupation, Israël a rendu la solution à deux États impossible.
  • Israël a quitté unilatéralement le dernier cycle de tentatives de négociations avec l'Américain John Kerry en 2014. Les négociations n'ont pas été relancées depuis.  Ainsi, le discours sur une "solution négociée" est vide et se résume à une excuse pour perpétuer le statu quo, une situation très avantageuse pour Israël et brutale et oppressive pour les Palestiniens.