Est-ce que la bande de Gaza est occupée par Israël ?
Oui, la bande de Gaza est sous occupation militaire israélienne depuis 1967 et subit un blocus illégal qui restreint les produits de base et le matériel médical depuis 2007. Bien qu'Israël se soit « désengagé » de la bande de Gaza en 2005, en évacuant ses colonies illégales et en retirant ses forces militaires terrestres, des experts, notamment des missions d'enquête des Nations unies, des organisations de défense des droits de la personne et le Comité international de la Croix-Rouge, ont conclu qu'Israël n'avait pas mis fin à son rôle de puissance occupante. En vertu du droit international, une occupation ne dépend pas de la présence directe de troupes terrestres sur un territoire, mais du fait qu'une puissance étrangère y exerce un « contrôle effectif ». À ce titre, la quatrième convention de Genève continue de s'appliquer à Gaza. Cela signifie qu'Israël, en tant que puissance occupante, a la responsabilité de protéger le bien-être de la population civile.
Israël a-t-il le droit de se défendre à Gaza ?
L'article 51 de la Charte des Nations unies reconnaît le droit de légitime défense en cas d'attaque armée d'un État contre un autre. Cependant, la Cour internationale de justice (CIJ) a déterminé en 2004 que l'article 51 n'avait « aucune pertinence » dans le cas des actions d'Israël dans les territoires palestiniens occupés, où Israël exerce son contrôle. Bien qu'Israël ait le droit de « répondre » à la violence « afin de protéger la vie de ses citoyens », ses actions sont soumises aux lois de l'occupation. Comme l'a fait remarquer Noura Erakat, juriste américano-palestinienne, les lois de l'occupation sont plus restrictives que les autres lois de la guerre, car elles imposent à Israël « l'obligation et le devoir de protéger les civils sous son occupation ». En portant atteinte à la population de Gaza par les bombardements et le siège, la guerre d'Israël contre Gaza est donc illégale.
Les Palestiniens ont-ils le droit de résister ?
Oui. En vertu du droit international, les Palestiniens ont le droit de recourir à la violence armée contre les régimes racistes, l'occupation militaire et la domination étrangère. Ce droit est toutefois limité : les actions des groupes armés sont soumises au droit humanitaire international et doivent faire la distinction entre les combattants et les civils.
La violence dirigée contre des cibles militaires, y compris les soldats de l'occupation israélienne et les points de contrôle militaires, peut être considérée comme relevant du droit de résistance d'un peuple occupé. Toutefois, l'assassinat délibéré de civils n'est pas compatible avec ce droit et de telles attaques devraient faire l'objet d'une enquête en tant que crimes de guerre.
Le Hamas utilise-t-il des civils palestiniens comme boucliers humains ?
Israël a souvent prétendu que le Hamas utilisait les civils palestiniens de Gaza comme « boucliers humains ». Il s'agit d'une allégation infondée et incendiaire qu'Israël utilise pour nier sa responsabilité dans ses attaques illégales contre des zones civiles densément peuplées, notamment des habitations, des écoles et des hôpitaux. Amnesty International a enquêté sur cette accusation après la guerre de 2014 et a conclu : « Les autorités israéliennes ont affirmé que, dans quelques incidents, les autorités du Hamas ou des combattants palestiniens ont ordonné à des civils de se rendre dans des lieux précis pour protéger des combattants ou des objectifs militaires, ou les ont contraints physiquement à le faire. Amnesty International n'a pas été en mesure de corroborer les faits dans aucun de ces cas ».
Au contraire, des enquêtes ont établi que l'armée israélienne a utilisé des Palestiniens comme boucliers humains dans un certain nombre de cas. Le rapport Goldstone 2009 de l'ONU a documenté de nombreux cas où Israël a utilisé des Palestiniens comme boucliers humains à Gaza. Aujourd'hui, Defense for Children International - Palestine a constaté à plusieurs reprises qu'Israël utilise des enfants palestiniens comme boucliers humains en Cisjordanie occupée, y compris cinq enfants en mai de cette année.
Pourquoi avons-nous besoin d'un cessez-le-feu et non d'une « pause humanitaire » ?
Il est tout à fait clair que les pauses humanitaires dans le contexte de la guerre d'Israël contre Gaza ne peuvent pas répondre aux besoins humanitaires critiques. Il s'agirait d'une « pause » temporaire dans les combats, dans une zone localisée, pour permettre aux personnes déplacées de fuir leurs maisons et éventuellement pour faciliter l'entrée de l'aide. Toutefois, cette pause serait immédiatement suivie de la reprise des massacres et de la famine délibérée.
Il est important de noter que l'ampleur de la catastrophe humanitaire actuelle ne peut être inversée par des afflux d'aide temporaires et localisés, en particulier si Israël continue d'essayer d'empêcher l'aide d'atteindre la moitié nord de la bande de Gaza. Une « pause » ne ramènera pas le système hospitalier au bord de l'effondrement. Pour éviter des pertes humaines catastrophiques, il faut au contraire une cessation totale et permanente des hostilités, des transferts d'aide immédiats, massifs et inconditionnels sur l'ensemble du territoire et la reprise des services de base nécessaires au maintien des conditions de vie.
La guerre d'Israël rendra-t-elle les Israéliens et les Palestiniens plus sûrs ?
La guerre d'Israël contre Gaza n'a pas réduit les risques pour la sûreté et la sécurité dans la région, mais semble au contraire entraîner une escalade du conflit vers une guerre régionale, ce qui rend tout le monde moins sûr. Les actions d'Israël ont provoqué des attaques contre les bases américaines en Irak, des échanges de tirs à la frontière avec le Liban et des attaques de drones depuis le Yémen. Il s'agit toujours d'un baril de poudre qui pourrait exploser. La voie sur laquelle nous sommes engagés mène à la guerre avec l'Iran. Le Canada doit tirer Israël et les États-Unis du gouffre.
La guerre n'est-elle pas nécessaire pour sauver les otages ?
Non, la guerre d'Israël contre Gaza sape les efforts déployés pour obtenir la libération en toute sécurité des otages civils détenus par le Hamas en violation du droit international. La poursuite de l'escalade militaire est la dernière chose qui permettrait d'obtenir leur libération. Au contraire, l'escalade des opérations terrestres israéliennes met directement en danger la vie des otages, rend les conditions de leur libération moins sûres et compromet les négociations menées par le Qatar en vue d'un échange de prisonniers et d'otages. La libération des otages est censée être une priorité pour le gouvernement canadien, mais un cessez-le-feu est le meilleur moyen de garantir leur liberté.
La guerre n'est-elle pas nécessaire pour éliminer le Hamas ?
Il n'y a pas de solution militaire aux problèmes d'Israël à Gaza. Israël a bombardé Gaza à plusieurs reprises et s'est toujours retrouvé au même endroit. Même si l'élimination du Hamas était possible, sa guerre a déjà causé une perte catastrophique de vies humaines. Le Canada doit être honnête quant au nombre d'enfants palestiniens qu'il permettra à Israël de tuer pour atteindre cet objectif.
Il est également évident qu'Israël n'a pas de but précis. Même si le Hamas était éliminé avec succès, que se passerait-il le lendemain ? Nous avons appris en Afghanistan, en Irak et en Syrie que les opérations menées par l'Occident pour renverser les régimes et les remplacer par des clients dociles conduisent à l'émergence d'acteurs pires dans le vide du pouvoir (ISIL), ou à leur retour lorsque nous abandonnons finalement (Talibans). Si l'on ne s'attaque pas aux problèmes sous-jacents de l'occupation, de la dépossession et du déni de liberté pour des millions de Palestiniens, il n'y a aucun espoir d'une résolution juste. Le massacre, la famine, le déplacement et l'oppression de millions de Palestiniens ne mèneront jamais à la paix.
Un cessez-le-feu avec le Hamas n'est-il pas impossible ?
Israël et le Hamas ont tous deux respecté des cessez-le-feu par le passé, et les deux parties ont également été responsables de leur violation. Toutes les parties doivent être tenues responsables au même titre.
Le Canada doit se rappeler qu'on ne fait pas la paix avec ses amis, mais avec ses ennemis. La seule façon d'avancer est de négocier un cessez-le-feu et de résoudre les problèmes sous-jacents de dépossession, d'occupation et d'apartheid. À cette fin, le Hamas doit être considéré comme un acteur politique et un partenaire de négociation, et non comme une force du mal extérieure à l'histoire qu'il faut « éliminer ».
Un cessez-le-feu donnerait-il un « laissez-passer » aux crimes du Hamas ?
Non, un cessez-le-feu ne donnerait pas un blanc-seing aux crimes du Hamas, pas plus qu'il ne donnerait un blanc-seing aux crimes qu'Israël a également commis depuis le 7 octobre. Au contraire, un cessez-le-feu mettrait immédiatement fin à la destruction inutile de vies humaines à Gaza et empêcherait d'autres pertes catastrophiques. Un cessez-le-feu mettrait un frein aux efforts d'Israël pour déplacer de force la population de Gaza. Un cessez-le-feu permettrait un accès illimité à l'aide humanitaire et à la société de se reconstruire.
Tant le Hamas qu'Israël doivent répondre des crimes de guerre commis avant et après le 7 octobre. Cependant, cette responsabilité ne peut être obtenue par une guerre d'élimination, mais par des forums internationaux de justice capables d'enquêter sur ces crimes et de les poursuivre. La Cour pénale internationale (CPI) a ouvert une enquête sur les crimes de guerre présumés commis par toutes les parties dans les territoires palestiniens occupés depuis 2014, et le procureur général de la CPI a confirmé qu'il était compétent pour enquêter sur les actions en cours d'Israël et du Hamas. Pour que justice soit faite, le Canada doit apporter tout son soutien à cette enquête.
Pourquoi dites-vous qu'Israël commet un génocide à Gaza ?
Cette décision n'est pas prise à la légère, car le génocide est un crime grave au regard du droit international. Défini dans la Convention des Nations unies pour la prévention et la répression du crime de génocide (1948), le crime de génocide implique certains actes commis « dans l'intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel ». Le génocide peut être commis en temps de guerre ou en temps de paix. Les actes associés au génocide comprennent « le meurtre de membres du groupe », « l'atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe » et « le fait d'imposer délibérément au groupe des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ».
La guerre d'Israël contre Gaza équivaut à une punition collective illégale de la population civile et s'apparente fortement au crime de génocide. Les frappes aériennes israéliennes aveugles - qui ont parfois visé des écoles, des mosquées, des églises, des hôpitaux, des ambulances et des immeubles d'habitation - ont tué plus de dix mille Palestiniens en un mois seulement, pour la plupart des femmes et des enfants. Le « siège total » d'Israël - illégal au regard du droit international - a coupé l'accès des civils à l'eau, à la nourriture, à l'électricité, au carburant et aux médicaments, mettant la santé de la population au bord de la mort. Israël a également ordonné à plus de 1 500 000 habitants du nord de la bande de Gaza de fuir leur domicile et envisage de pousser la population de Gaza vers l'Égypte. Pour justifier ces actions illégales, le ministre israélien de la défense et d'autres hauts responsables ont utilisé un langage déshumanisant à l'égard des Palestiniens de Gaza, les qualifiant notamment d'"animaux humains".
Au vu de tous ces facteurs, les experts des Nations unies en matière de droits de la personne se disent « convaincus que le peuple palestinien court un grave risque de génocide ». Les organisations palestiniennes de défense des droits de la personne ont saisi la Cour pénale internationale (CPI), l'exhortant à enquêter sur Israël pour "génocide", et le Canada devrait soutenir ces efforts.
Quelle est la signification du slogan « Du fleuve à la mer, la Palestine sera libre » ?
« Du fleuve à la mer, la Palestine sera libre » est un chant très populaire en faveur du droit des Palestiniens à vivre librement sur l'ensemble de leur territoire, qui s'étend du Jourdain à la mer Méditerranée. Il affirme que les Palestiniens ont le droit d'être libérés de la domination et de l'oppression israéliennes, et que ce droit s'applique qu'ils vivent sous l'occupation militaire israélienne, en tant que citoyens de seconde zone en Israël, ou en tant que réfugiés attendant de rentrer chez eux. Il s'agit d'un appel à un avenir dans lequel tous les habitants de la Palestine-Israël pourront vivre en tant que citoyens libres et égaux, sans qu'aucun groupe ne soit privilégié par rapport à un autre.