La Nakba n'a jamais cessé

Montréal, le 15 mai 2025 - Aujourd'hui, 77 ans se sont écoulés depuis la Nakba, c'est-à-dire l'expulsion, la destruction et le nettoyage ethnique des Palestiniens associés à la création d'Israël en 1948. Alors que nous plaidons pour que la colonisation de la Palestine soit reconnue par nos dirigeants et nos institutions au Canada comme une injustice, nous sommes également témoins de la poursuite de la Nakba - et même de son accélération - dans le génocide israélien dans la bande de Gaza et la Cisjordanie occupées.

Au Canada, même la reconnaissance de l'existence de la Nakba de 1948 continue d'être rejetée. Le déni de la Nakba est une forme de déni de génocide et un mécanisme permettant de nier le droit au retour des Palestiniens. Il s'agit également d'un élément clé du racisme anti-palestinien, qui est constamment perpétué par les médias canadiens. En 2023, le gouvernement canadien a même boycotté le tout premier événement organisé par les Nations unies pour commémorer la Nakba, envoyant ainsi aux Palestiniens le message que leurs souffrances persistantes ne méritent pas d'être reconnues.

Ce qui rend le déni de la Nakba particulièrement absurde en 2025, c'est qu'Israël est actuellement à l'origine d'une dépossession plus importante à Gaza qu'en 1948, avec au moins 1,9 million de Palestiniens déplacés de force de leurs maisons. Cette cruauté n'est pas le fruit du hasard, mais le résultat d'une volonté délibérée d'Israël d'expulser définitivement les Palestiniens de Gaza.

Lorsque Donald Trump a annoncé que les États-Unis allaient prendre le contrôle de Gaza et en expulser définitivement la population, le Premier ministre israélien, M. Netanyahou, s'en est félicité et a déclaré aux législateurs que l'expulsion des Palestiniens de Gaza était le « résultat inévitable » de sa stratégie militaire. Ils empêchent l'aide d'entrer à Gaza, utilisant délibérément la famine comme arme de guerre - une pratique strictement interdite par le droit international et codifiée comme un crime de guerre - dans l'intention génocidaire de s'assurer que les Palestiniens meurent, si ce n'est par les bombes, du moins par la faim. C'est une façon de contraindre ceux qui survivent à quitter la Palestine.

Dans un message glaçant adressé aux dirigeants mondiaux, les experts des Nations unies ont récemment averti que nous nous trouvions à un « carrefour moral » à Gaza et que les États « doivent agir maintenant pour mettre fin à la violence ou assister à l'anéantissement de la population palestinienne de Gaza ». De même, cette semaine, le chef des secours de l'ONU a lancé un défi aux États : « Quelle preuve supplémentaire vous faut-il ? Allez-vous agir maintenant - de manière décisive - pour empêcher le génocide à Gaza et garantir le respect du droit humanitaire international ? »

Comment le Canada répondra-t-il à cet appel ? Le Premier ministre Carney a déclaré que « la proposition du président Trump de déplacer de force les Palestiniens de Gaza est profondément troublante », mais il n'a pris aucune mesure concrète pour y remédier. Aucune sanction, aucune pression, rien qui puisse espérer arrêter le génocide ouvertement préparé par les dirigeants américains et israéliens.

L'année dernière, CJPMO a présenté des recommandations politiques sur la façon dont le Canada peut reconnaître et corriger la tragédie historique de la Nakba. Voici quelques-unes de nos recommandations :

  1. Le Canada doit reconnaître officiellement la Nakba et son rôle dans la partition du mandat de la Palestine.
  2. Le Canada doit reconnaître que le déni de la Nakba est une forme de racisme anti-palestinien et qu'il a un impact direct sur le droit des Canadiens à la liberté d'expression et à la liberté académique.
  3. La Nakba est en cours et le Canada doit jouer un rôle pour l'arrêter et inverser ses conséquences. Pour l'arrêter, le Canada doit faire pression sur Israël pour qu'il change de cap en mettant en œuvre des boycotts, des désinvestissements et des sanctions.
  4. Le Canada doit insister sur le droit au retour, à la restitution et à l'indemnisation des réfugiés palestiniens, conformément à la résolution 194 de l'Assemblée générale des Nations unies et aux principes généraux du droit international des droits de l'homme et du droit des réfugiés, et reconnaître que ces droits sont distincts, qu'ils ne s'excluent pas mutuellement et qu'ils ne doivent pas être opposés l'un à l'autre.
  5. Le Canada doit jouer un rôle en demandant des comptes et des réparations pour la Nakba (passée et en cours) en appelant la communauté internationale à mettre en place un Tribunal pénal international pour la Palestine et en soutenant l'enquête ouverte de la Cour pénale internationale sur les crimes de guerre commis dans les territoires palestiniens occupés.

La reconnaissance de la Nakba ne concerne pas seulement le passé, mais aussi le présent et l'avenir - et la complicité du Canada dans un génocide en cours. Alors qu'Israël perpétue la Nakba à Gaza tout en annexant la Cisjordanie, quel sera l'héritage du Canada ?