Montréal, le 16 octobre 2023 - Suite à la découverte la semaine dernière d'un message Twitter « les Palestiniens sont des cafards » publié par Arsen Ostrovsky, figure pro-israélienne, un des intervenants de la conférence « Antisemitism : Face It, Fight It » à Ottawa, Canadians for Justice and Peace in the Middle East (CJPMO) demande aux députés canadiens de boycotter la conférence. Selon le programme de la conférence, Pierre Poilièvre (leader conservateur), Jagmeet Singh (leader du NPD), Yves-François Blanchet (leader du BQ) et Arif Virani (ministre libéral de la Justice) figurent tous sur la liste des orateurs de la conférence, organisée par le Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA). CJPMO exige également que le CIJA désinvite immédiatement Ostrovsky de la conférence et le condamne publiquement pour son poste.
La caricature représente une botte bleue portant l'inscription « IDF » (Israeli Defence Forces) écrasant un cafard palestinien, identifié par les couleurs rouge, blanche, verte et noire du drapeau palestinien. Ostrovky fait précéder son tweet d'un seul mot : « This! » Le message a depuis été restreint pour avoir pu violer les règles de Twitter sur les discours violents, et une note de la communauté a été jointe au message, notant que l'utilisation de l'imagerie des insectes est « un manuel de propagande nazie ».
« Cette rhétorique dégoûtante du « peuple comme vermine » a joué un rôle énorme dans la propagation de l'antisémitisme au cours de l'histoire de l'Europe, ainsi que dans la préparation des génocides qui ont eu lieu ailleurs », a déclaré Thomas Woodley, président de CJPMO. CJPME souligne la contradiction évidente et scandaleuse dans le fait qu'Ostrovsky soit invité comme orateur à une conférence sur l'antisémitisme, alors qu'il est lui-même un personnage ouvertement raciste, se livrant précisément au type de déshumanisation auquel les Juifs ont été confrontés dans l'histoire. « L'hypocrisie du CIJA, qui a invité cet individu à prendre la parole lors d'une conférence sur l'antiracisme, est stupéfiante et dangereuse dans le contexte de l'utilisation par Israël de la violence de masse et de la punition collective ciblant directement la population civile de Gaza », a affirmé M. Woodley.
Au début du mois, Voix juives indépendantes Canada (VJI) a exprimé sa profonde inquiétude au sujet de la conférence sur l'antisémitisme du CIJA, affirmant que la conférence servait de tremplin à plusieurs racistes. M. Ostrovsky est l'un des orateurs cités par IJV, qui note qu'il écrit fréquemment pour un groupe de réflexion islamophobe qui soutient des personnalités politiques antimusulmanes. Ostrovsky est le PDG de l'International Legal Forum, une organisation qui s'efforce d'étouffer toute critique d'Israël sur les campus universitaires et qui est financée par le ministère israélien des affaires stratégiques.
CJPMO est d'accord pour que les politiciens assistent à des conférences antiracistes pour montrer leur soutien philosophique, mais ces conférences ne doivent pas promouvoir ou couvrir d'autres types de discrimination ou de racisme. Dans sa critique, l'IJV s'inquiète du fait que la conférence cherche à faire l'amalgame entre la critique d'Israël et l'antisémitisme. L'IJV a également affirmé que le CIJA avait invité des personnes qui n'étaient pas des spécialistes reconnus de l'antisémitisme, mais qui « colportent l'islamophobie, le racisme anti-palestinien et même l'antisémitisme ». Le rapport concluait : « Ces orateurs représentent certaines des figures les plus chauvines de la politique juive internationale ».
« Cette caricature est la goutte d'eau qui fait déborder le vase », a déclaré M. Woodley. CJPMO affirme que les politiciens canadiens ne devraient pas accorder de légitimité ou de crédibilité à une conférence discréditée et à des orateurs racistes. « Il s'agit d'une parodie de conférence sur l'antisémitisme », a conclu M. Woodley. « Poilièvre, Singh, Blanchet et Virani n'auront aucune excuse s'ils partagent une tribune avec un raciste anti-palestinien déclaré », a conclu M. Woodley.
Les experts en génocide identifient dix étapes sur la voie du génocide : la « déshumanisation » est la quatrième étape. Les membres du groupe déshumanisé sont assimilés à des animaux, de la vermine, des insectes ou des maladies. Cette étape permet au groupe dominant de considérer l'autre groupe comme moins qu'humain, voire étranger à sa société, ce qui rend l'extermination massive acceptable. Amnesty International et plusieurs autres groupes de défense des droits de l'homme ont publié des rapports détaillant comment, selon eux, Israël pratique l'apartheid à l'encontre des Palestiniens. En effet, comme le montre Amnesty, plusieurs des autres étapes du processus de génocide en 10 étapes sont déjà évidentes dans la société israélienne. Particulièrement alarmants, les bombardements continus d'Israël sur les civils de Gaza et les commentaires des dirigeants politiques et militaires israéliens qui les soutiennent suggèrent qu'un génocide littéral n'est pas exclu. Un important groupe palestinien de défense des droits de l'homme a averti que l'attaque actuelle d'Israël pourrait constituer une « campagne de génocide contre le peuple palestinien », tandis que plusieurs autres ont appelé les Nations unies à « protéger le peuple palestinien contre le génocide ». De même, un expert de l'ONU avertit que les Palestiniens courent un « grave danger » de « nettoyage ethnique » de masse.
Interrogé sur Twitter, M. Ostrovsky a maintenu son tweet. En réponse à son tweet, le Dr Sara Yael Hirschhorn a tweeté : « PAS CELA, PAS CELA DU TOUT. Nous ne traitons pas les gens comme de la vermine, comme nous avons été traités pendant l'Holocauste. Retirez ça immédiatement ». Ostrovsky a répondu : « Si cela heurte votre sensibilité, ne suivez pas ou détournez le regard. »
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