Montréal, 15 mai 2023 — Nous marquons aujourd'hui le 75e anniversaire de la Nakba palestinienne ("catastrophe" en arabe), l'expulsion, la destruction et le nettoyage ethnique de la Palestine associés à la création d'Israël en 1948. La Nakba est un processus qui n'a jamais pris fin. Aujourd'hui, CJPMO est solidaire du peuple palestinien au Canada et dans le monde, et réaffirme son soutien au droit fondamental et inaliénable des réfugiés palestiniens de retourner dans le pays qu'ils ont été forcés de quitter.
Entre 1947 et 1949, lors de la création d'Israël, un minimum de 700 000 Palestiniens ont été expulsés de force de leurs maisons par les milices juives. La fuite des réfugiés a été accélérée par une série de massacres perpétrés par des terroristes juifs, notamment le massacre de plus de 100 hommes, femmes et enfants dans le village de Deir Yassin, un mois avant qu'Israël ne déclare son "indépendance". Plus de 13 000 Palestiniens ont été tués au cours de cette période. À la suite de la Nakba, il y a aujourd'hui plus de 7 millions de réfugiés palestiniens, y compris les survivants de la Nakba et leurs descendants, qui vivent dans des camps de réfugiés ou en exil.
Après avoir chassé le peuple de Palestine, les forces israéliennes ont démoli plus de 500 villages palestiniens et ont construit des parcs et des forêts israéliens sur les ruines. Dans un acte de vol massif, Israël a promulgué des lois visant à exproprier les réfugiés de leurs biens et a volé environ 4 244 776 acres de terres palestiniennes. Pour s'assurer que cette injustice soit permanente, Israël a adopté des lois interdisant aux réfugiés palestiniens de rentrer chez eux.
Il ne s'agit pas simplement d'une tragédie historique. Il est essentiel de comprendre la Nakba pour comprendre le caractère de l'État d'Israël aujourd'hui. L'élimination de la population indigène par Israël lui a permis de prétendre qu'il disposait d'une "majorité démographique juive" dans les territoires de 1948, ce qui alimente le mythe selon lequel Israël est aujourd'hui un État "juif et démocratique". Les politiques racistes d'Israël à l'égard des réfugiés sont un élément important de la façon dont il continue à maintenir un système d'apartheid contre les Palestiniens dans leur ensemble, comme le reconnaissent Amnesty International et d'autres experts.
Aujourd'hui, la Nakba en cours se manifeste dans la manière dont Israël cherche à marginaliser ou à éliminer les Palestiniens dans toutes les régions qu'il contrôle, au profit de la population juive israélienne. Cela inclut les démolitions par Israël de maisons palestiniennes à Jérusalem-Est occupée, ses menaces d'expulsions forcées à Sheikh Jarrah et Masafer Yatta, et l'expansion de colonies exclusivement juives en Cisjordanie occupée. On le voit également dans les démolitions de maisons et les politiques de "judaïsation" d'Israël en Galilée et dans le Néguev, des régions d'Israël qui continuent de compter d'importantes communautés arabes palestiniennes et bédouines. Ainsi, Israël poursuit ses politiques coloniales et d'apartheid à l'encontre des Palestiniens des deux côtés de la ligne verte.
Mais le pire est peut-être à venir. Nous sommes alarmés par le fait que de hauts responsables du gouvernement israélien menacent de plus en plus les Palestiniens d'une "seconde Nakba". Alors que l'idée d'expulser les Palestiniens se répand à nouveau dans la société israélienne, il semble que la région soit au bord d'une nouvelle catastrophe.
Après 75 ans de dépossession et de résistance, CJPMO demande aux Canadiens de s'attaquer enfin à cette injustice historique et persistante. Vous trouverez ci-dessous trois actions spécifiques que le gouvernement canadien et d'autres institutions peuvent entreprendre :
Premièrement, le gouvernement canadien doit reconnaître officiellement la Nakba. La Nakba n'a jamais été reconnue par le gouvernement canadien ou d'autres institutions publiques, y compris le Musée canadien des droits de la personne. Et ce, malgré le rôle joué par le Canada dans la création du problème en soutenant la partition de la Palestine en 1947. Cette année, pour la première fois, la Nakba est officiellement commémorée par les Nations unies, mais le Canada s'est opposé à cette initiative lorsqu'elle a été soumise au vote à la fin de l'année dernière. Le Canada doit abandonner son hostilité aux perspectives palestiniennes et enfin nommer cette injustice.
Deuxièmement, le gouvernement canadien doit s'efforcer de permettre aux Palestiniens d'exercer leur droit au retour. Les réfugiés palestiniens ont le droit fondamental et légal de retourner chez eux. Ce droit est inscrit dans la Déclaration universelle des droits de la personne, qui stipule que "toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son propre pays". Ce droit a également été affirmé par la résolution 194 (1948) des Nations unies, entre autres, qui stipule que les réfugiés palestiniens doivent être autorisés à rentrer chez eux s'ils le souhaitent et/ou recevoir une compensation pour les dommages et les biens perdus. Le Canada doit faire pression pour que les Palestiniens puissent exercer ce droit et demander des réparations et d'autres compensations pour la dépossession à grande échelle de vies, de terres et de biens.
Troisièmement, toutes les institutions canadiennes doivent prendre des mesures pour lutter contre le déni de la Nakba en tant que forme de racisme anti-palestinien. Dans un rapport publié en 2022 par l'Association des avocats canadiens arabes (ACLA), le déni de la Nakba a été identifié comme une manifestation clé du racisme anti-palestinien. Le déni de la Nakba est un problème important dans la société canadienne, les partisans d'Israël cherchant à qualifier de "mythe" l'expérience de dépossession des Palestiniens ou à rendre les victimes responsables de leur propre tragédie. Pour remédier à ce problème persistant, les institutions devraient affirmer les expériences palestiniennes et adopter des mesures pour lutter contre le racisme anti-palestinien.
En toute solidarité,
Tom, Michael, Khaled, Reem, Jason et le reste de l'équipe de CJPME