Campagne de boycott : Keter Plastic

Série Fiches d’information no 249, créé: Août 2024, Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient
 

CJPMO Fiche d'information 249, publié en août 2024 : Cette fiche d'information présente la campagne de boycott contre l'entreprise israélienne Keter Plastic en raison de ses activités historiques en Cisjordanie occupée. Elle détaille l'exploitation de la main d'œuvre palestinienne par Keter, sa complicité dans l'expansion des colonies et ses violations continues des droits de l'homme palestiniens. Malgré la fermeture de son usine en Cisjordanie occupée en 2014, le boycott persiste car Keter reste coupable de ses violations antérieures du droit international et de sa longue histoire d'exploitation des terres et des ressources palestiniennes à des fins économiques.

 

Qu'est-ce que Keter Plastic?

Keter Plastic est une société israélienne privée fondée en 1948[1] qui se spécialise dans la fabrication de produits en plastique, notamment des meubles, des solutions de rangement et divers articles ménagers et de jardinage. Les produits de Keter Plastic sont disponibles au Canada dans les principales chaînes de magasins et sur les plateformes en ligne comme Home Depot, Canadian Tire, Walmart, Amazon, Costco et Rona.

Keter Plastic opère-t-il dans les colonies israéliennes ?

Jusqu'en 2014, Keter Plastic opérait dans une colonie illégale située dans les territoires palestiniens occupés (TPO). Cette histoire pèse lourdement sur l'héritage de Keter en tant qu'entreprise, car elle a pu exploiter et profiter de terres et de ressources palestiniennes volées pendant des années.

Plus précisément, Keter Plastic, ainsi que sa filiale à 100 % Lipski, avaient exploité des usines dans la zone industrielle de Barkan[2], une colonie illégale de Cisjordanie occupée. Barkan, liée à la colonie résidentielle d'Ariel, a été créée en 1981 sur des terres saisies aux villages palestiniens de Haris, Bruqin et Sarta. Cette zone industrielle est connue pour abriter un nombre disproportionné d'usines nuisibles à l'environnement, les déchets toxiques de Barkan contaminant la vallée d'Al-Matwi et dévastant les terres agricoles palestiniennes[3]. Les Palestiniens des villages voisins ont déclaré à Human Rights Watch qu'ils craignaient de tomber malades à cause des eaux usées, une habitante déclarant que « l'odeur dans la vallée est mortelle » et révélant que sa fille de trois ans avait été diagnostiquée comme atteinte de leucémie[4].

Outre la dégradation de l'environnement, les ouvriers palestiniens travaillant dans la zone industrielle de Barkan ont été soumis à des conditions d'exploitation, notamment en étant payés en dessous du salaire minimum et en se voyant systématiquement refuser le droit de se syndiquer, en violation des normes internationales du travail[5].

L'article 49 de la quatrième Convention de Genève stipule que « la puissance occupante ne pourra procéder à la déportation ou au transfert d'une partie de sa propre population civile dans le territoire qu'elle occupe » et interdit « les transferts forcés, individuels ou collectifs, ainsi que les déportations de personnes protégées hors du territoire occupé. [6] » L'établissement de colonies juives dans le TPO constitue donc une grave violation de l'article 49 de la quatrième Convention de Genève et est considéré comme un crime de guerre en vertu du Statut de Rome de la Cour pénale internationale.

En maintenant des activités dans ces colonies illégales, Keter Plastic et sa filiale Lipski ont non seulement violé de manière flagrante le droit international, mais se sont aussi rendues complices de la colonisation, de l'exploitation systémique et de la dépossession du peuple palestinien.
Suite à la pression du boycott, Keter a cessé ses activités dans le TPO en 2014[7].

Pourquoi faut-il encore boycotter Keter Plastic ?

Inspiré par le mouvement anti-apartheid en Afrique du Sud, l'appel de la société civile palestinienne pour le BDS[8] exhorte la communauté internationale à boycotter les produits israéliens afin de faire pression sur Israël pour qu'il se conforme au droit international. En continuant à produire des biens en Israël - un État impliqué dans le colonialisme de peuplement, l'apartheid et l'occupation des Palestiniens - Keter Plastic reste complice de l'oppression systématique des Palestiniens.

De plus, bien que Keter se soit récemment retirée du TPO, cela n'exonère pas l'entreprise des profits qu'elle a récoltés pendant des années de complicité dans l'occupation illégale des terres palestiniennes. Si cette injustice historique n'est pas corrigée, Keter Plastic reste coupable de ses violations antérieures du droit international et de sa longue histoire d'exploitation des terres et des ressources palestiniennes à des fins économiques.

[1] Keter Group. About Us. Accessed July 15, 2024.

[2] Who Profits. “Keter Plastic Ends its Activity in the Occupied Palestinian Territory”. Accessed July 18, 2024.

[3] Human Rights Watch. “A Threshhold Crossed: Israeli Authorities and the Crimes of Apartheid and Persecution.”

[4] Ibid.

[5] International Trade Union Confederation (ITUC). “The Situation of Workers in the Occupied Palestinian Territories.” Accessed August 19, 2024.

[6] Amnesty International. "Chapter 3: Israeli Settlements and International Law." January 2019. Accessed July 15, 2024. 

[7] Who Profits. “Keter Plastic Ends its Activity in the Occupied Palestinian Territory”. Accessed July 18, 2024.

[8] Palestinian Civil Society. "Palestinian Civil Society Call for BDS." July 9, 2005. Accessed August 22, 2024.