Fiche d'information de CJPMO, publiée en août 2018. Cette fiche d'information traite de la manière dont le gouvernement israélien utilise l'"écoblanchiment" en prétendant être respectueux de l'environnement afin de détourner l'attention de ses violations des droits de l'homme à l'encontre des Palestiniens.

L'écoblanchiment Israélien

Série Fiches d’information No. 210, créé: Août 2018, Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient
 

Qu'est-ce que « l'écoblanchiment »?

L'écoblanchiment est une pratique qui consiste à prétendre être respectueux de l'environnement afin de détourner l'attention d'une activité criminelle[1].  En 1948, lorsque l'État d'Israël a été créé, plus de 700,000 Palestiniens autochtones sont devenus des réfugiés et des centaines de milliers d'autres ont été chassés de leurs maisons par les milices juives[2]. Depuis lors, Israël a continué à commettre de graves violations des droits de l'homme à l'encontre des Palestiniens[3].

Israël fait passer au vert ses projets coloniaux et ses violations des droits de l'homme à l'encontre des Palestiniens de différentes manières. L'une d'entre elles est sa rhétorique, affirmant, par exemple, qu'Israël « a fait fleurir le désert [4]». Mais il existe de nombreuses autres façons pour Israël et ses partisans d'écologiser le bilan abyssal d'Israël en matière de droits de l'homme.

Israël a-t-il « fait fleurir le désert »?

Ce mythe profite à Israël de deux manières. Premièrement, il efface l'expulsion par Israël de centaines de milliers de Palestiniens en suggérant à tort que la Palestine était une terre déserte, que les sionistes ont pu revendiquer à juste titre sans déplacer ou déposséder qui que ce soit. Deuxièmement, ce mythe présente Israël comme un pays progressiste et technologiquement avancé, soucieux de l'environnement et capable de reverdir rapidement un désert.  L'affirmation selon laquelle la Palestine était un désert vide qu'Israël a « fait fleurir » est fausse, car :

  1. Presque toute la moitié nord de la Palestine a un climat méditerranéen[5].
  2. Lorsque les colons sionistes sont arrivés en Palestine dans les décennies qui ont précédé la création de l'État d'Israël, la terre était habitée par le peuple palestinien, dont la plupart étaient des agriculteurs[6].
  3. Les Palestiniens cultivent la terre depuis des siècle. L’agriculture palestinienne était durable et la « fertilité de la Palestine était inégalée[7]».  En 1930, toutes les zones « susceptibles d'être cultivées par les Palestiniens l'étaient déjà[8] ». Les régions de Gaza, Jaffa, Hébron, Naplouse, la Galilée et d'autres étaient toutes « cultivées de manière intensive » et étaient réputées pour leurs différentes cultures, telles que les pastèques, le tabac, le blé, les agrumes, les raisins, les olives et le coton[9].  La Palestine était en plein essor bien avant la création d'Israël.

Israël est-il respectueux de l’environnement?

Pas particulièrement.  Israël n'est manifestement pas respectueux de l'environnement à bien des égards :

  1. Israël a l'une des plus grandes empreintes écologiques et empreintes de carbone par habitant au monde, se classant respectivement dans les 10 % et 20 % les plus élevés.[10] [11] Israël est l'un des principaux responsables du changement climatique.
  2. L'agriculture israélienne « n'est pas durable et contribue de manière significative à la crise environnementale croissante sur notre planète » [12]. Par exemple, Israël utilise largement des pesticides qui contaminent les eaux souterraines et les sols et nuisent à certaines espèces d'oiseaux. [13]
  3. C'est surtout en Cisjordanie qu'Israël a mené une « destruction massive et systématique » des arbres. Il a déraciné des centaines de milliers d'arbres à ce jour, notamment des oliviers, des agrumes, des dattiers, des amandiers et des bananiers[14]. Protégés par l'armée israélienne, les colonisateurs israéliens des terres palestiniennes attaquent souvent les agriculteurs palestiniens et brûlent ou rasent leurs arbres. [15]
  4. Israël est l'un des 20 premiers exportateurs et importateurs d'armes au monde, ce qui souligne le rôle d'Israël en tant que contributeur majeur à la guerre[16]. Selon la déclaration de Rio des Nations Unies, « la guerre est intrinsèquement destructrice du développement durable » [17].  En effet, l'industrie de la guerre est à l'origine de 6 à 10 % de la pollution de l'air et de 10 à 30 % du total des dommages environnementaux dans le monde. [18]  Par exemple, lors de la guerre de 2014 contre Gaza, Israël a bombardé inutilement la seule centrale électrique de Gaza[19], enflammant sans raison deux millions de litres de carburant diesel, ce qui a gravement pollué l'air[20].

Les experts en justice sociale affirment également que les droits de l'homme et les droits environnementaux vont de pair[21]. Il est difficile de soutenir qu'Israël est respectueux de l'environnement, tout en étant un État colonial et d'apartheid qui porte gravement atteinte aux droits de certaines minorités raciales.

Comment le FNJ fait-il de l’ecomblanchiment en Israël?

Le Fonds National Juif (FNJ) est une organisation qui permet à Israël de poursuivre la colonisation de la Palestine et qui contribue à blanchir les crimes israéliens. Le FNJ a été fondé en 1901 pour acquérir des terres en Palestine à des fins exclusivement juives. En dépit de son mandat fondé sur la race et de son implication dans des projets de colonisation, le FNJ se présente de manière trompeuse comme une organisation caritative environnementale, obtenant le statut d'organisation caritative dans de nombreux pays, dont le Canada[22].  Par exemple, le FNJ plante des arbres au-dessus des villages palestiniens détruits pour dissimuler les preuves du nettoyage ethnique effectué par les forces israéliennes[23]. À ce jour, 86 villages palestiniens détruits sont enterrés sous les forêts du FNJ[24].  Le FNJ utilise donc la politique environnementale, comme la plantation d'arbres, comme un outil pour blanchir la destruction des villages palestiniens par Israël.

Alors que le FNJ prétend avoir obtenu de grands succès en matière de reboisement, de lutte contre la désertification[25], de réhabilitation des forêts et de prévention des incendies de forêt, il a en réalité fait le contraire :

  1. La FNJ a souvent détruit l'environnement naturel au nom du développement. Dans les années 1950, par exemple, elle a asséché les plus grandes zones humides d'Israël afin de gagner des terres pour l'agriculture. En conséquence, certaines espèces ont disparu[26].
  2. Alors que le FNJ se targue d'avoir planté plus de 240 millions d'arbres, la grande majorité des arbres plantés par le FNJ étaient des arbres non indigènes.[27]. Bien que l'impact de cette décision soit encore en cours d'étude, on sait que les aiguilles de ces arbres tuent les plantes indigèneset que ces arbres non indigènes sont plus inflammables que les espèces indigènes[28].  Par ailleurs, les forêts de la FNJ se sont révélées « écologiquement appauvries », car elles ont fortement réduit la biodiversité. [29]
  3. Les plantations du FNJ accélèrent la désertification. La FNJ a planté des arbres dans le désert du Néguev, qui ont absorbé l'eau et la chaleur, provoquant une surchauffe et « un effet local du changement climatique ». [30]

Aytzim, une organisation basée à New York qui se consacre également à l'écoblanchiment pour Israël, admet : « [le FNJ] a eu un passé peu glorieux en matière d'environnement tout au long de son histoire ». [31]

Quelle est la relation du Canada avec l'écoblanchiment israélien ?

Les gouvernements canadiens successifs ont soutenu Israël politiquement, financièrement et diplomatiquement pendant des décennies, ignorant les violations des droits de l'homme commises par Israël[32].  C'est peut-être en raison de ces relations étroites que la branche canadienne du FNJ bénéficie depuis des années du statut d'organisation caritative et que ses activités sont donc subventionnées par le contribuable canadien. Il y a plusieurs décennies, le FNJ Canada a collecté 15 millions de dollars pour construire le « Ayalon Canada Park » en Cisjordanie, territoire palestinien occupé. Ce parc a été construit sur les villages palestiniens d'Imwas, de Yalu et de Beit Nuba, détruits par Israël en 1948[33]

Outrés par le silence du gouvernement canadien sur les violations des droits de l'homme commises par Israël, et en particulier sur l'écoblanchiment, de nombreux Canadiens ont rejoint la campagne internationale « Stop the JNF », lancée par la société civile palestinienne et divers groupes de défense des droits de l'homme. [34]   Vous pouvez en savoir plus sur cette campagne à l'adresse suivante : http://www.stopthejnf.org/ 

[1]“About Greenwashing”, Greenwashing Index, 2018. http://greenwashingindex.com/aboutgreenwashing/

[2] Ilan Pappé. The Ethnic Cleansing of Palestine. Oxford: Oneworld, 2006. Pg. 21.

[3] Richard Falk & Virginia Tilley. “Israeli Practices towards the Palestinian People and the Question of Apartheid Palestine and the Israeli Occupation”. UN. Economic and Social Commission for Western Asia (ESCWA), No. 1.

[4] Alan George. “‘Making the Desert Bloom’ A Myth Examined”. Journal of Palestine Studies, Vol. 8, No. 2, 1979: 88.

[5] Ibid.: 89.

[6] Samah Sabawi. The environmental impact of Israel’s occupation. Links International Journal of Socialist Renewal, 2011.

[7] Daniel Orenstein, et al. (2013). Between ruin and restoration: an environmental history of Israel. Pittsburgh, PA: University of Pittsburgh Press, 10.

[8] Alan George. “‘Making the Desert Bloom’ A Myth Examined”. Journal of Palestine Studies, Vol. 8, No. 2, 1979: 100.

[9] Lorenzo Kamel. Imperial perceptions of Palestine: British influence and power in late Ottoman times. London: I.B. Tauris, 2015. Pg. 77

[10] Countries Ranked by Ecological Footprint Per Capita (in global hectares)”, Global Footprint Network,  2013.

[11] “Carbon emissions per person per country”. The Guardian, 2016.

[12] Alon Tal. “To Make a Desert Bloom: The Israeli Agricultural Adventure and the Quest for Sustainability”. Agricultural History, Volume 8, No. 2: 251.

[13] Daniel Orenstein, et al. (2013). Between ruin and restoration: an environmental history of Israel. Pittsburgh, PA: University of Pittsburgh Press, 68.

[14] Ali Abuminah. “If it’s against Jewish law, then why is Israel doing it?” Electronic Intifada, 28 Jan, 2004.

[15] “Settlers' Attacks Report for January of 2014. Uprooting More Than 2,000 Olive Trees And Almost Daily Attacks On Citizens”. Palestinian Grassroots Anti-apartheid Wall Campaign, 2014.

[16] Saar Haas, “Israel is 7th largest arms exporter in the world”, Ynetnews, 17 Mar, 2018.

[17] UN. “Report of the UN Conference on Environment and Development”, 1992.

[18] Ahmad Saleh Safi. “War on Gaza Strip: Participatory Environmental Impact Assessment”. Palestinian Environmental NGOs Network – FoE Palestine, 2015: 15.

[19] “Gaza: Widespread Impact of Power Plant Attack,” Human Rights Watch, 10 Aug, 2014.

[20] Ahmad Saleh Safi. “War on Gaza Strip: Participatory Environmental Impact Assessment”, Palestinian Environmental NGOs Network – FoE Palestine, 2015: 17.

[21] David A. McDonald. Environmental justice in South Africa. Athens: Ohio University Press, 2002. Pg.3.

[22] Sara Kershnar, et al. “Greenwashing Apartheid: The Jewish National Fund’s Environmental Cover Up”. International Jewish Anti-Zionist Network. Vol 4: 6

[23] Ibid.: 7

[24] Masalha, Nur. The Palestine Nakba: decolonising history, narrating the subaltern, reclaiming memory. London: Zed Books, 2012 Pg. 177.

[25] “Trees in KKL-JNF Forests”. JNF.
http://www.kkl-jnf.org/forestry-and-ecology/tress-in-kkl-jnf-forests

[26] Daniel Orenstein, et al. (2013). Between ruin and restoration: an environmental history of Israel. Pittsburgh, PA: University of Pittsburgh Press, 59-60.

[27] Ilan Pappé. The Ethnic Cleansing of Palestine. Oxford: Oneworld, 2006. Pg. 400.

[28] Max Blumenthal. “The Carmel Wildfire Is Burning All Illusions in Israel”. The Electronic Intifada, 6 Dec, 2010.

[29] Daniel Orenstein, et al. (2013). Between ruin and restoration: an environmental history of Israel. Pittsburgh, PA: University of Pittsburgh Press, 65.

[30] Tom Pessah. “How colonialism and climate change displace the Negev's Bedouin”. 972 Magazine, 14 Mar, 2016.

[31] “Greening Keren Kayemet L'Yisrael / Jewish National Fund in Israel (KKL-JNF)”. Aytzim, 2017. http://aytzim.org/greenisrael/kkl

[32] “Why Canadian aid won’t really help Palestinian entrepreneurs”. The Conversation Canada, 23, Aug 2018.

[33] “Help Us Stop the Jewish National Fund (JNF)”. Independent Jewish Voices Canada, 2017. https://ijvcanada.org/campaign/the-jewish-national-fund-jnf/

[34] “About” Stop the JNF Campaign, 2018
www.stopthejnf.org/about/

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