Fiche-info 148, publiée en avril 2012 : La compagnie de chaussures Naot est une entreprise israélienne étroitement liée, sur le point de vue économique, à la colonisation israélienne des territoires palestiniens. Cette fiche d’information explique en quoi le boycotte de cette compagnie permettrait d’exercer une pression économique sur Israël.
Campagne de boycottage : chaussures Naot
Que sont les chaussures Naot?
La compagnie de chaussures Naot (connue sous le nom de Teva Naot en Israël) a été fondée en 1942 dans le kibboutz Neot Mordechai, situé en Haute-Galilée dans le nord d’Israël[1]. Le kibboutz détient toujours 17 pour cent des parts de Naot[2]. Quatre-vingt pour cent des chaussures Naot sont écoulées à l’étranger[3], et on compte six détaillants Naot au Canada. De nombreux autres magasins de chaussures au pays tiennent les chaussures et les sandales Naot.
Comment Naot soutient-elle l’expansion coloniale israélienne?
Sur le plan économique, Naot est liée étroitement à l’occupation israélienne des territoires palestiniens. Elle détient un magasin d’usine dans le bloc colonial illégal de Gush Etzion, situé en territoire palestinien occupé entre Jérusalem et Hébron, en Cisjordanie[4]. Ce dernier comporte 22 colonies et compte près de 70 000 colons israéliens juifs[5]. Plusieurs de ces communautés ont été établies dans les années 1920, 1930 et 1940 entre autres par des juifs yéménites, sur des terres achetées aux Palestiniens bien avant la fondation de l’État d’Israël. Or, avant la première guerre israélo-arabe, la population totale de ces communautés n’était que de 450 habitants. Ainsi, la grande majorité des colonies du bloc de Gush Etzion ont été établies illégalement sur des terres qui avaient été allouées aux Palestiniens en vertu du plan de partition de 1947 de l’ONU, et dont on les a évincés pour permettre la construction desdites colonies exclusivement juives.
Le magasin d’usine Naot contribue au renforcement et à la légitimation de Gush Etzion en fournissant des emplois aux résidants de la colonie et en attirant tant les touristes internationaux que les clients israéliens au complexe colonial. Ainsi, non seulement le magasin Naot soutient la légitimation et la croissance économique de la colonie, mais il lui permet aussi d’absorber de nouveaux colons.
Près de 66 pour cent des parts de Naot appartiennent à Shamrock Holdings[6], qui détient aussi 18 pour cent d’AHAVA, une compagnie de produits de la mer Morte qui fait également l’objet d’une campagne de boycottage[7]. Shamrock Holdings est une division d’investissement de Disney et un important fonds d’investissement qui participe activement à la croissance économique d’Israël. Non seulement elle est impliquée plus avant dans les colonies illégales israéliennes, mais elle investit aussi dans la construction du mur de séparation israélien. Ce dernier a de lourdes répercussions sur le bien-être des Palestiniens de Cisjordanie et a été condamné sans équivoque par la Cour internationale de Justice en 2004.
En vertu du droit international, l’établissement de colonies et d’infrastructures coloniales en territoire occupé est illégal. Ce règlement est incorporé à la Quatrième Convention de Genève (art. 49, paragr. 6) et au Statut de Rome de la Cour pénale internationale (art. 8, paragr. 2, b [viii]), ce dernier interdisant « [l]e transfert, direct ou indirect, par une puissance occupante d’une partie de sa population civile dans le territoire qu’elle occupe, ou la déportation ou le transfert à l’intérieur ou hors du territoire occupé de la totalité ou d’une partie de la population de ce territoire ». En outre, l’expansion et l’établissement continus de colonies en territoire palestinien entravent gravement la conclusion d’un « accord de paix juste, durable et global au Moyen-Orient », en accord avec la résolution 446 du Conseil de sécurité de l’ONU (22 mars 1979).
Pourquoi boycotter les chaussures Naot?
En 2005, plus de 170 organisations de la société civile palestinienne ont appelé la communauté internationale à boycotter les produits israéliens de manière à promouvoir le droit des Palestiniens à l’autodétermination. Cet appel visait l’imposition de vastes mesures de boycottage et la mise en place d’initiatives de désinvestissement contre Israël semblables à celles appliquées en Afrique du Sud durant l’apartheid.
En plus de soutenir financièrement l’existence et l’expansion de l’un de plus vastes blocs coloniaux israéliens en territoire palestinien occupé, Naot « normalise » ces pratiques en exploitant un magasin d’usine dans une colonie illégale plutôt qu’en territoire israélien.
La colonisation actuelle en Cisjordanie contrevient aux Accords d’Oslo de 1993. Depuis la signature de ceux-ci, l’expansion des colonies existantes, la construction de nouvelles colonies, l’augmentation spectaculaire de la population coloniale et la flambée des investissements gouvernementaux dans les colonies enfreignent la stipulation des accords qui interdit le changement du statut des territoires occupés (annexe II, paragr. 6).
Quand le boycottage des chaussures Naot se terminera-t-il?
Le boycottage prendra fin lorsque Naot démantèlera ses installations dans les colonies illégales en territoire palestinien occupé et qu’Israël cessera son occupation.
Par quels autres moyens puis-je exercer des pressions pour que Naot démantèle ses installations dans les colonies illégales?
La campagne de boycottage de CJPMO appelle l’ensemble de la population à exercer des pressions pour que le gouvernement israélien se retire des territoires palestiniens occupés. Tous les citoyens soucieux de la question peuvent visiter le site Web de CJPMO au www.cjpmo.org/bds.htm pour accéder à des outils supplémentaires pour presser Naot Canada de démanteler ses installations dans les colonies illégales et encourager le gouvernement israélien à mettre fin à son occupation et à la colonisation des territoires palestiniens.
CJPMO encourage toute personne à se rendre sur sa page d’appel au boycottage des chaussures Naot au www.cjpme.org/consumerboycott.htm afin de faire parvenir ses doléances et ses questions au distributeur de Naot au Canada.
Un choix de lettres types est aussi disponible sur le site de boycottage de CJPMO au www.cjpme.org/consumerboycott.htm.
CJPMO encourage aussi toute personne à demander à son magasin de chaussures local de ne pas tenir les chaussures et sandales Naot. Une lettre type est accessible au www.cjpme.org/consumerboycott.htm
[1] « About ». Site Web de Teva Naot : http://www.tevanaot.co.il/en/%D7%90%D7%95%D7%93%D7%95%D7%AA. Consulté le 17 janvier 2012.
[2] « Teva Naot ». Site Web de Who Profits? Consulté le 9 mars 2012. http://whoprofits.org/company/teva-naot
[3] « The Naot Feel Free Guide: About Naot », p. 2, consulté le 9 mars 2012. http://www.naot.com/pdfs/FeelFreeGuide.pdf
[4] « Teva Naot ». Gush Etzion Website. http://www.gush-etzion.org.il/tourism%5Cteva.htm. Consulté le 17 janvier 2012.
[5] AFP. « West Bank settlers shrug off Obama call », Khaleej Times online, 25 mai 2011.
[6] « Shamrock Holdings ». Site Web de Who Profits? http://www.whoprofits.org/company/shamrock-holdings. Consulté le 20 janvier 2012.
[7] Pour de plus amples informations, voir la fiche info no 98 de CJPMO, Campagne de boycottage : AHAVA DSL Ltd.
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