Fiche-info 126, publiée en juin 2011: Cette fiche-info traite du Bateau canadien pour Gaza (BCG), un projet entrepris par 26 vétérans de l’activisme pour la justice sociale qui viennent de partout au Canada. Son but est d’aider les efforts internationaux visant à briser le blocus de Gaza par Israël. Pour ce faire, le BCG défiera de façon non violente le blocus illégal israélien et cherchera à attirer l’attention internationale sur la souffrance des Gazaouis.
Bateau canadien pour Gaza
Bateau canadien pour Gaza (BCG) est un projet entrepris par 26 vétérans de l’activisme pour la justice sociale qui viennent de partout au Canada. Son but est d’aider les efforts internationaux visant à briser le blocus de Gaza par Israël. Pour ce faire, le BCG défiera de façon non violente le blocus illégal israélien et cherchera à attirer l’attention internationale sur la souffrance des Gazaouis[i]. Le groupe enverra un bateau, le Tahrir (« libération » en arabe), qui transportera des fournitures médicales et d’autres provisions d’aide humanitaire attendues de toute urgence. Le bateau est aussi destiné à exporter des biens hors de Gaza.
Le Tahrir devrait prendre la mer au cours des dix derniers jours de juin 2011et, à l’étape finale du périple, se joindra aux quatorze autres navires à passagers et de charge pour former la Flottille de la liberté II. Les participants de la flottille ont précisé qu’ils ne chercheront pas une confrontation violente avec l’armée israélienne au moment où ils approcheront de Gaza et qu’ils accueilleraient volontiers des inspecteurs de l’ONU ou de toute autre instance internationale neutre comme prescrit par les accords navals internationaux.
Quel est l’enjeu autour du blocus de Gaza?
Le blocus de Gaza est moralement et légalement problématique pour différentes raisons :
- Il constitue une punition collective de la population de Gaza et entre donc en violation avec le droit international[ii];
- Il entrave la réparation des maisons et infrastructures démolies lors de l’attaque israélienne de Gaza en 2008-2009;
- Il compromet la santé de la population palestinienne de Gaza, particulièrement celle des enfants;
- Il asphyxie l’économie et engendre le désespoir à Gaza.
À de nombreuses reprises, les Nations Unies et des ONG internationales (p. ex. la Croix-Rouge, Oxfam UK, Save the Children [Aide à l’enfance] et Amnistie internationale) ont exhorté Israël à de lever son blocus. La pression en ce sens s’est grandement intensifiée après qu’un raid des forces armées israéliennes contre une flottille d’aide humanitaire pour Gaza a fait neuf morts parmi ses participants le 31 mai 2010. Cette tragédie a conduit Israël à annoncer un « relâchement » de son blocus le 20 juin 2010. Quoi qu’il en soit, une étude menée par 21 organisations d’aide internationale à la fin de 2010 a montré que les principaux éléments du blocus restent en vigueur et que la population civile gazaouie continue de souffrir[iii].
Qui parraine « Bateau canadien pour Gaza »?[iv]
Au Canada : À part les organisateurs, des dizaines d’autres Canadiens de renom soutiennent Bateau canadien pour Gaza, notamment : Warren Allmand, professeur en droits de la personne à McGill (ancien solliciteur général du Canada); Maher Arar, militant des droits de la personne; Ursula Franklin, physicienne et professeure à l’Université de Toronto; Judy Rebick, journaliste et féministe; Anton Kuerti, pianiste classique de renom; Raffi Cavoukian et Geoff Berner, chanteurs; Michael Mandel, professeur en droit à l’Université de Toronto; Gil Courtemenache, romancier; Linda McQuaig et Murray Dobbin, journalistes; Martin Duckworth et Mary Ellen Davis, cinéastes; Alex Atamanenko (NPD), Jim Manly (NPD) et Raymond Gravel (BQ), députés actuels et passés; James Loney, membre de Christian Peacemaker Teams; et David Mivasair, rabbin vancouvérois.
Au moins 150 organisations canadiennes de la société civile canadienne soutiennent aussi le projet : de nombreux groupes religieux, Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient, Voix juives indépendantes, le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes, le London District Labour Council, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) et des antennes locales d’organisations internationales des droits de la personne, parmi tant d’autres.
À l’international : Noam Chomsky, linguiste, philosophe et professeur au MIT; Mairead Maguire, récipiendaire du prix Nobel de la paix en 1976; Dennis Halliday, ancien coordonnateur des Nations Unies pour les affaires humanitaires en Irak; Ann Wright, colonelle de l’armée américaine et diplomate à la retraite; John Pilger, auteur et documentariste australien; et Haneen Zoabi et Jamal Zahalka, membres de la Knesset (parlement israélien), parmi d’autres.
Qui sera à bord du « Bateau canadien pour Gaza »?
Environ 30 à 35 Canadiens seront à bord du Tahrir, notamment des représentants de la Fédération des femmes du Québec et de la Canadian Muslim Federation (Fédération musulmane canadienne); Manon Massé, femme politique de Québec solidaire; Singh Sooden, membre de Christian Peace Maker Teams (otage en Irak en 2005); Robert Lovelace, ancien chef de la première nation algonquine d'Ardoch et professeur à la retraite de l’Université Queen’s; John Greyson, cinéaste et professeur à l’Université de York; des militants des droits de la personne, des médecins et des avocats; et David Heap, professeur à l’Université de Western Ontario. Certains sont jeunes, d’autres sont grands-parents. De dix à douze participants australiens, belges et danois feront aussi le voyage sur le BCG. Des équipes de La Presse et de Radio-Canada les accompagneront pour couvrir les événements.
Alice Walker, récipiendaire du prix Pulitzer pour son roman The Color Purple (La Couleur pourpre), et des membres irlandais, espagnols et grecs du Parlement européen prendront place à bord d'autres navires de la Flottille de la liberté II.
Quelles réactions la Flottille de la liberté II a-t-elle suscitées?
Israël : Les autorités israéliennes ont signifié qu’elles useraient de force afin d’empêcher la Flottille de la liberté II d’accoster à Gaza. Un officier supérieur de la marine israélienne a laissé savoir au Jerusalem Post que celle-ci préparait une série de « surprises » pour les bateaux de la flottille[v]. Des officiers de l’armée israélienne ont indiqué que des soldats s’entraînaient depuis des mois pour intercepter toute flottille[vi]. Le commando Shayetet 13 (qui a mené l’attaque contre le Mavi Marmara en mai 2010) « participe à un entraînement spécialisé » qui comprend des exercices tels que « des simulations de raids à bord d’un navire ». Des sources de la marine israélienne ont relaté que les soldats seraient lourdement armés[vii]. Dans le journal israélien Haaretz, on pouvait lire :
La marine se concentre cette fois-ci sur l’utilisation de mesures antiémeutes et affirme qu’elle ne fera appel à la force qu’en dernier recours. Des sources de la défense israélienne ont déclaré récemment que […] il n’y a pas d’autres choix que d’user de force pour prendre d’assaut le bateau et neutraliser les protestataires, sauf si une entente venait à annuler la flottille. L’ancien chef de l’état-major Gabi Ashkenazi […] a affirmé que s’il le fallait, on ferait appel à des tireurs d’élite [emphase de CJPMO] pour abattre des protestataires violents. Cette tactique préviendrait les corps-à-corps, plus risqués pour les soldats[viii].
Le gouvernement israélien a également exercé des pressions sur ses homologues pour que ceux-ci découragent leurs citoyens de prendre part à la Flottille de la liberté II. Quelques heures seulement après que des délégués de cette dernière ont rencontré des membres du Parlement européen, des diplomates israéliens ont tenu une conférence de presse dans la même salle[ix].
Canada : Le 29 mai, John Baird, ministre des Affaires étrangères, a servi l’avertissement suivant : « les efforts non autorisés pour acheminer de l’aide sont provocateurs et, finalement, inutiles à la population de Gaza […] Le Canada reconnaît les préoccupations légitimes d’Israël en matière de sécurité ainsi que son droit de se protéger et de défendre ses habitants contre toute attaque du Hamas ou d’autres groupes terroristes, notamment en empêchant le trafic d’armes. » Les commentaires émis par le ministre insinuent que son gouvernement voit les participants à la Flottille de la liberté II comme des sympathisants du Hamas ou de possibles trafiquants d’armes, ou encore que les opposants au blocus sont indifférents aux préoccupations d’Israël en matière de sécurité. Certains organisateurs de BCG perçoivent ses commentaires comme une préautorisation tacite octroyée à Israël pour attaquer le Bateau canadien pour Gaza.
Turquie : D’une part, Israël a pressé la Turquie de stopper le Mavi Marmara. D’autre part, l’administration Obama lui a offert de présider les pourparlers de paix entre Israël et la Palestine si elle empêchait ses citoyens de participer à la Flottille pour la liberté II. Le ministre des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, a fait remarquer par des propos acerbes que les gouvernements démocratiques n’avaient pas le droit d’empêcher leurs citoyens de défier un blocus illégal. Il a ajouté que les avertissements concernant une seconde flottille internationale pour Gaza devraient être dirigés vers Israël, à qui il incombait de reconnaître les réalités changeantes au Moyen-Orient[x]. Un fait intéressant à noter : de nombreux militants turcs qui étaient à bord de la fameuse Flottille de la liberté pour Gaza (2010) prendront également part à la Flottille de la liberté II, mais cette fois-ci avec beaucoup plus d’appuis internationaux à son bord.[i] Bateau canadien pour Gaza – Mission (http://www.tahrir.ca/fr/content/mission-1), 2 juin 2011
[ii] Pour de plus amples informations sur les conséquences et l’illégalité du blocus de Gaza, lire les fiches info de CJPMO Israël a-t-il relâché son blocus illégal de Gaza? (Décembre 2010), Le blocus de Gaza, 2007-2010 (Juin 2010) et L’illégalité du blocus de Gaza (Juin 2010)
[iii] Amnesty International UK et coll., « Dashed Hopes: Continuation of the Gaza Blockade », p. 3
[iv] Bateau canadien pour Gaza – Parrains et marraines (http://www.tahrir.ca/fr/endorsements). 2 juin 2011
[v] Jerusalem Post. « Navy prepared to board flotilla ships if they don't stop ». 31 mai 2011
[vi] Haaretz. « One year on, Mavi Marmara gears up for second protest trip to Gaza Strip ». (Zvi Bar'el et Jack Khoury) 31 mai 2011
[vii] Global Research. « Israel's Operational Plan to Attack the Freedom Flotilla to Gaza ». (Michel Chossudovsky). 31 mai 2011
[viii] Haaretz. « Israel prepping to block next Gaza flotilla ». 31 mai 2011
[ix] Conversation avec Ehab Lotayef. 3 juin 2011
[x] Haaretz. « Turkey FM: We can't stop upcoming aid flotilla to Gaza ». 30 mai 2011
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