Pourquoi nous demandons un cessez-le-feu permanent et les manifs de fin de semaine

La reprise des bombardements israéliens sur les civils de Gaza ces dernières heures confirme la nécessité de ce que nous demandons depuis le 7 octobre : un cessez-le-feu total et permanent. Vous trouverez ci-dessous la liste des 18 manifestations pour la Palestine que nous connaissons au Canada ce week-end. Cependant, avant cela, nous voulons dissiper les mythes ridicules que de nombreux politiciens et médias ont véhiculés sur les raisons pour lesquelles le Canada "ne peut pas" ou "ne devrait pas" appeler à un cessez-le-feu. (Aller directement à la liste des manifestations.)

 

 

 

 

 

Mythe 1 : Il est inutile que le Canada demande un cessez-le-feu, car il ne peut pas l'imposer au Hamas et à Israël.

Réponse : Un appel au cessez-le-feu est une déclaration d'intention et de principe.  Un appel canadien au cessez-le-feu indiquerait que le Canada désapprouve les conflits armés comme moyen de résoudre les conflits internationaux, qu'ils soient le fait du Hamas ou d'Israël.  L'appel du Canada à un cessez-le-feu, parallèlement aux appels d'autres pays, exercerait une pression énorme sur Israël et le Hamas pour qu'ils trouvent une solution négociée au conflit actuel.  Aucun pays au monde n'a suggéré qu'il était en mesure d’ « imposer » un cessez-le-feu, mais des dizaines de pays ont appelé à un cessez-le-feu parce que c'est la chose à faire sur le plan des principes.  Le Canada devrait suivre cet exemple.

Si quelqu'un pouvait « imposer » un cessez-le-feu à Israël et au Hamas, ce serait le Conseil de sécurité des Nations unies.  En vertu du droit international et de la charte des Nations unies, le Conseil de sécurité est censé jouer le rôle d'arbitre de la paix. Même si l'on accepte l'argument erroné selon lequel Israël attaque Gaza en « légitime défense » (voir notre FAQ), l'article 51 de la Charte des Nations unies stipule clairement que l'action en légitime défense « n'affecte en rien l'autorité et la responsabilité du Conseil de sécurité [...] de maintenir ou de rétablir la paix et la sécurité internationales ». Malheureusement, le 18 octobre, les États-Unis ont opposé leur veto à une résolution sur le cessez-le-feu au Conseil de sécurité, empêchant ainsi le Conseil de sécurité de jouer ce rôle essentiel. Honte aux États-Unis.  

Mythe 2 : Le Canada ne peut pas exiger un cessez-le-feu car, en tant que puissance moyenne, il n'a aucune influence ou capacité à déterminer ce résultat.

Réponse : Il s'agit d'une abdication de la voix du Canada dans le monde. Le Canada prend position sur de nombreux sujets, y compris la guerre de la Russie contre l'Ukraine, où il n'a pas hésité à dire ce qu'il pensait. Le Canada pourrait jouer le rôle d'autorité morale pour obtenir un soutien international en faveur d'un cessez-le-feu, au lieu de s'aligner sans réfléchir sur des acteurs plus importants comme les États-Unis, qui soutiennent la guerre. Au moins 65 pays ont déjà appelé à un cessez-le-feu, dont la France, l'Irlande, l'Espagne, le Portugal, la Belgique, le Brésil et l'Afrique du Sud. En outre, le Canada peut exercer une pression économique et diplomatique sur Israël pour qu'il s'engage à respecter un cessez-le-feu en suspendant le commerce militaire et en coupant tous les autres liens militaires.

Mythe 3 : Le Canada ne devrait pas exiger un cessez-le-feu parce qu'il aiderait le Hamas en lui donnant le temps de se réarmer et de se regrouper.

Réponse : Un cessez-le-feu va dans les deux sens. En théorie, Israël bénéficierait d'une période de « réarmement » tout autant que le Hamas. Toutefois, l'objectif d'un cessez-le-feu est une désescalade permanente, et non une simple pause temporaire dans les hostilités. En outre, cette approche suppose que la seule façon d'aller de l'avant est l'élimination totale du Hamas, mais ce résultat est hautement improbable. Même si le Hamas était éliminé, tant que les Palestiniens vivront sous l'apartheid israélien et seront privés de leur liberté, un autre groupe prônant la résistance armée prendra sa place dans le vide du pouvoir qui s'ensuivra. Et même si l'élimination du Hamas était possible, la violence israélienne actuelle continuera à entraîner des pertes catastrophiques en vies civiles palestiniennes. Le Canada doit réfléchir sérieusement au nombre de Palestiniens qu'il autorisera Israël à tuer pour atteindre cet objectif.  

Mythe 4 : Le Canada ne devrait pas exiger un cessez-le-feu car cela donnerait un « blanc-seing » aux crimes du Hamas.

Réponse : Un cessez-le-feu ne donnerait pas un blanc-seing aux crimes du Hamas, pas plus qu'il ne donnerait un blanc-seing aux crimes qu'Israël a également commis depuis le 7 octobre. Toutes les parties doivent être tenues responsables des violations du droit international, mais cela ne peut se faire par le biais d'une guerre d'élimination. Au contraire, la responsabilité doit être recherchée par le biais de forums internationaux de justice capables d'enquêter sur ces crimes et de les poursuivre, tels que la Cour pénale internationale (CPI).  

Mythe 5 : le Canada ne peut pas exiger un cessez-le-feu parce qu'il ne peut pas faire confiance au Hamas pour le respecter.

Réponse : Israël et le Hamas ont tous deux respectés des cessez-le-feu dans le passé, et les deux parties ont également été responsables de leur violation. Cela vaut également pour le récent « cessez-le-feu temporaire » ou « trêve humanitaire ». Auparavant, le dernier cessez-le-feu négocié entre Israël et le Hamas est entré en vigueur après les hostilités de mai 2021. Entre le début de ce cessez-le-feu et l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023, Israël a tué près de 100 Palestiniens à Gaza (et 500 Palestiniens au total), notamment lors de deux bombardements de plusieurs jours sur Gaza en août 2022 et en mai 2023. Les Palestiniens pourraient tout aussi bien dire qu'ils ne font pas confiance à Israël pour respecter un cessez-le-feu, mais ils le réclament quand même parce qu'il est nécessaire pour éviter de nouvelles effusions de sang. Toutes les parties doivent être tenues responsables au même titre.  

Mythe 6 : le Canada ne peut pas exiger un cessez-le-feu parce qu'il ne traite pas avec les terroristes

Réponse : Israël a négocié des cessez-le-feu avec le Hamas dans le passé et a récemment négocié une trêve temporaire pour permettre la libération d'otages et de prisonniers palestiniens (il a depuis expiré). Les pays ne font pas la paix avec leurs amis, mais avec leurs ennemis. La seule façon d'avancer est de négocier un cessez-le-feu et de résoudre les problèmes sous-jacents de dépossession, d'occupation et d'apartheid israéliens. À cette fin, le Hamas et les autres groupes palestiniens doivent être considérés comme des acteurs politiques et des partenaires de négociation, et non comme des forces du mal à « éliminer ».

Mythe 7 : Le Canada n'a pas besoin d'exiger un cessez-le-feu car une « pause humanitaire » est la même chose.

Réponse : Un cessez-le-feu et une pause humanitaire ne sont pas la même chose. Un cessez-le-feu exige une fin permanente et négociée des hostilités, alors que l'idée d'une pause humanitaire est une « pause » temporaire dans les combats, dans une zone localisée, pour permettre aux personnes déplacées de quitter leurs maisons et éventuellement pour faciliter l'entrée de l'aide. Après la pause, les mêmes personnes pourraient être immédiatement visées par les violences israéliennes ultérieures et les actes de famine délibérée. Par exemple, Israël et le Hamas ont récemment bénéficié d'une « pause » négociée dans les hostilités, mais Israël a depuis repris son offensive militaire et prévoit de poursuivre son assaut jusqu'à ce qu'il atteigne ses objectifs militaires - ce qui, selon lui, pourrait prendre un an ou plus.

Franchement, l'ampleur de la catastrophe humanitaire actuelle infligée par Israël ne peut être inversée par des afflux d'aide temporaires et localisés, surtout si Israël continue à empêcher l'aide d'atteindre la moitié nord de la bande de Gaza. Une « pause » ne permettra pas au système hospitalier de sortir de l'effondrement. Pour éviter des pertes humaines catastrophiques, il faut au contraire une cessation totale et permanente des hostilités, des transferts d'aide immédiats, massifs et inconditionnels sur l'ensemble du territoire et la reprise des services de base nécessaires au maintien des conditions de vie.  

Mythe 8 : Le Canada ne doit pas demander de cessez-le-feu tant que les otages n'ont pas été libérés

Réponse : La guerre d'Israël contre Gaza a entravé et retardé les efforts visant à obtenir la libération en toute sécurité des otages civils détenus par le Hamas en violation du droit international. L'escalade militaire israélienne a mis la vie des otages en danger, a rendu les conditions de leur libération moins sûres et a retardé de plusieurs semaines les négociations menées par le Qatar en vue d'un échange de prisonniers et d'otages. C'est un cessez-le-feu temporaire négocié qui a permis de libérer un premier groupe d'otages israéliens et de prisonniers palestiniens d'une captivité injuste. Un cessez-le-feu permanent est le meilleur moyen de garantir la liberté de tous les otages et prisonniers politiques restants.  

Pourquoi le Canada doit-il demander un cessez-le-feu ?

Un cessez-le-feu est nécessaire parce qu'il mettrait un terme immédiat à la destruction inutile de vies humaines à Gaza et empêcherait d'autres pertes catastrophiques. Un cessez-le-feu mettrait un frein aux efforts d'Israël pour déplacer de force la population de Gaza. Un cessez-le-feu permettrait un accès illimité à l'aide humanitaire et à la reconstruction de la société. Un cessez-le-feu empêcherait le conflit de dégénérer en « génocide », comme l'ont mis en garde les experts des Nations unies et les juristes.  

Quels sont les avantages pour le Canada d'appeler à un cessez-le-feu ?

En appelant à un cessez-le-feu, le Canada démontrerait un véritable engagement en faveur de la paix et des droits de la personne et ferait preuve d'autorité morale sur la scène internationale. Le Canada serait en mesure de jouer un rôle indépendant et constructif pour mettre fin à l'effusion de sang, au lieu de s'aligner sur les principaux acteurs qui adoptent l'approche « la force fait le droit » et d'être perçu comme leur étant soumis. Le Canada s'alignerait également sur les principes des Nations unies, qui appellent les pays à résoudre les problèmes de manière pacifique et non par la guerre. En outre, le Canada alignerait sa politique sur les vues de la communauté internationale, du secteur humanitaire, des groupes de défense des droits de la personne et de l'opinion publique canadienne. Surtout, en appelant à un cessez-le-feu, le Canada retirerait symboliquement son soutien à la violence israélienne à Gaza et mettrait fin à sa complicité avec les atrocités israéliennes.  

===== Manifs au Québec et au Canada en fin de semaine =====

With millions of other Canadians, we raise our voice in opposition to the continued Israeli brutalization of Palestinian civilians in Gaza: