40 ans plus tard, la Charte canadienne des droits et libertés ne répond toujours pas aux attentes de nombreux Canadiens

Ce week-end, le 17 avril, les Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient (CJPMO) commémorent le 40e anniversaire de la Charte canadienne des droits et libertés.  En même temps, CJPMO reconnaît que de nombreux citoyens canadiens ne jouissent pas pleinement des protections garanties par la Charte.  En fait, en ces temps de polarisation politique extrême, de leaders populistes et d'alarmisme populaire, les droits de certaines minorités sont plus fragiles qu'ils ne l'ont été depuis des années. 

Lors de sa conception initiale, la Charte des droits et libertés définissait les droits et libertés que les Canadiens jugeaient nécessaires à une société libre et démocratique.  En théorie, toute personne au Canada - qu'il s'agisse d'un citoyen canadien, d'un résident permanent ou d'un nouvel arrivant - possède les droits et libertés contenus dans la Charte. Depuis des décennies, la Charte est source de changement, de progrès et d'affirmation des valeurs de notre société.  En ce qui concerne les droits à l'égalité, la Charte a facilité la reconnaissance et l'application des droits d'un certain nombre de groupes minoritaires et défavorisés.

Néanmoins, de profonds problèmes de préjugés et de discrimination continuent de troubler notre société canadienne.

Mon organisation, par exemple, a participé à d'importants efforts pour soulever la question du racisme anti-arabe au Canada.  L'année dernière, en partenariat avec la Arab Canadians Lawyers Association et la Fédération canado-arabe, CJPMO a commandé un sondage d'opinion EKOS sur le racisme anti-arabe au Canada.  Les résultats ont donné à réfléchir.  Le sondage a révélé que :

  • 79% des Canadiens reconnaissent que les préjugés à l'égard des Canadiens d'origine arabe sont un problème.
  • Les répondants au sondage ont également reconnu les nombreux facteurs qui nuisent à la capacité des Arabo-Canadiens de trouver du travail. En fait, 64 % des Canadiens croient que le simple fait "d'avoir un nom à consonance arabe" peut avoir un effet négatif sur les perspectives d'emploi d'un Arabo-Canadien.

Ce ne sont là que deux des nombreuses et graves conclusions de l'enquête.

Mon organisation a également participé aux efforts de lutte contre l'islamophobie au Canada.  En 2018, en partenariat avec le Forum musulman canadien, nous avons commandé une enquête EKOS sur l'islamophobie au Canada.  Ce sondage a confirmé que l'islamophobie et la discrimination religieuse en général sont des problèmes troublants au Canada. Par exemple, 81 % des Canadiens ont reconnu que l'islamophobie existe au Canada.  Mais le sondage a également montré à quel point les attitudes sur le sujet sont extrêmement polarisées sur le plan politique. Par exemple, environ 50 % des partisans des libéraux, des néo-démocrates et des verts considèrent que la discrimination religieuse à l'égard de leurs concitoyens musulmans est un problème important, alors que seulement 14 % des partisans des conservateurs sont de cet avis.

Bien sûr, au-delà des sondages d'opinion, il existe de nombreux exemples concrets d'attitudes anti-arabes et islamophobes au Canada.  La loi 21 du Québec est l'un des exemples les plus flagrants d'islamophobie.  Cette loi interdit aux enseignants, aux avocats et aux policiers du Québec, entre autres, de porter des vêtements religieux tels que des croix, des hijabs et des turbans.  Cela affecte non seulement les personnes actuellement employées dans le secteur public, mais aussi les jeunes qui aspirent à de telles carrières.  Les gens ne devraient pas être obligés de choisir entre leur religion, leur identité et leur choix de carrière préféré. Le gouvernement du Québec ne devrait pas être autorisé à dicter aux individus ce qu'ils peuvent ou ne peuvent pas porter.

Malheureusement, tous ces problèmes existent malgré la Charte des droits et libertés du Canada. 

Le gouvernement a pris certaines mesures positives pour s'attaquer à ces problèmes, mais le progrès est lent.  Le gouvernement doit être un meilleur défenseur des groupes vulnérables et doit faire beaucoup mieux dans les nombreux domaines à améliorer :

  • De meilleurs systèmes de collecte de données sur les crimes haineux
  • De nouveaux outils pour aider les minorités religieuses à surmonter le racisme sur le marché de l'emploi
  • Plus de financement pour les programmes de sensibilisation du public à la discrimination religieuse
  • De meilleures formations sur la diversité pour les employés dans la fonction publique

En tant qu'organisme canadien, CJPMO est fier et reconnaissant de la Charte canadienne des droits et libertés.  Mais avec les réalités auxquelles notre société fait face aujourd'hui, nous sommes obligés de demander aux gouvernements fédéral et provinciaux d'être beaucoup plus efficaces dans la reconnaissance et la résolution des problèmes profonds de préjugés et de discrimination qui continuent d'affecter notre société.