Analyse de CJPMO : Les exportations d'armes du Canada vers Israël n'ont jamais été aussi élevées depuis 30 ans

FR_Graphs_-_Reported_Canadian_Military_Exports_to_Israel.pngMontréal, le 13 avril 2022 - Un nouveau rapport publié aujourd'hui par les Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient (CJPMO) soulève de sérieuses inquiétudes quant aux droits humains que posent les exportations d'armes du Canada vers Israël. Le rapport, intitulé « Arming Apartheid : Canada's Arms Exports to Israel », constate que les exportations d'armes du Canada vers Israël se sont accélérées au cours des dernières années, atteignant en 2020 leur plus haut niveau depuis 30 ans.  Un pourcentage important des exportations d'armes du Canada vers Israël est classé dans la catégorie des explosifs et des composants connexes, et peut comprendre des bombes, des torpilles, des roquettes, des missiles ou d'autres dispositifs explosifs. Le rapport fait valoir que l'occupation, la violence contre les civils et les politiques discriminatoires d'Israël - récemment qualifié «  d'apartheid » par Amnesty International - présentent une situation de risque extrême dans laquelle les exportations d'armes du Canada pourraient être impliquées dans des violations des droits de l'homme et du droit international.

« Il est choquant que les responsables canadiens aient permis l'accélération des exportations militaires vers Israël au cours de la dernière décennie, étant donné les preuves indéniables de violations des droits de la personne par Israël  », a déclaré Michael Bueckert, vice-président de CJPMO. CJPMO rappelle que l'offensive militaire israélienne de l'an dernier sur Gaza a tué 240 Palestiniens, dont 63 % de civils, et que des groupes de défense des droits de la personne, dont Amnistie internationale et Human Rights Watch, ont conclu que les pratiques israéliennes à l'égard des Palestiniens constituent un crime d'apartheid en vertu du droit international. « Le risque potentiel pour les droits de l'homme est beaucoup trop élevé pour justifier le transfert de tout matériel militaire dans ce contexte d'occupation et d'apartheid », a ajouté M. Bueckert.

Le rapport recommande aux responsables canadiens de prendre des mesures immédiates et proactives pour éliminer les risques liés à ses exportations d'armes vers Israël, 1) en suspendant tout commerce militaire avec Israël jusqu'à ce qu'il mette fin à son occupation militaire des territoires palestiniens, démantèle ses politiques d'apartheid et se conforme au droit international ; et 2) en lançant une étude parlementaire pour déterminer si les exportations d'armes canadiennes passées et actuelles ont été utilisées contre des civils dans le territoire palestinien occupé (TPO) ou lors de frappes aériennes sur Gaza.

Le rapport situe également la tendance actuelle en matière d'exportation d'armes dans un contexte historique, notamment l'interdiction par le Canada de la plupart des échanges militaires avec Israël à la suite de la violence israélienne contre les civils palestiniens à la fin des années 1980 et au début des années 1990 (pendant la première Intifada palestinienne). Cette interdiction a finalement été levée après la signature des accords d'Oslo dans le cadre des négociations de libre-échange entre le Canada et Israël. « L'ancien embargo militaire du Canada sur Israël prouve qu'il existe un précédent pour restreindre les ventes d'armes en réponse à la violence israélienne contre les civils », a déclaré Bueckert. « Plus de vingt-cinq ans plus tard, il est impératif que le Canada donne à nouveau la priorité aux droits humains en suspendant le commerce militaire avec Israël. »

CJPMO note que les propositions d'embargo sur les armes à destination d'Israël ont déjà été appuyées par le Nouveau Parti démocratique, le Parti vert du Canada, le Congrès du travail du Canada, Amnistie internationale et de nombreuses autres organisations de la société civile.